samedi, juillet 29, 2006

I'm drunk


"Mon fils, ne va jamais faire confiance à quelqu’un qui ne boit pas. C’est probablement quelqu’un qui se croit meilleur que les autres, quelqu’un qui croit tout savoir.[..]"

Putain. Drink75 me tueras toujours. La suite est criante de vérité.

Même si ce ne sont pas ses propres mots, il les trouve, les aime, les retranscrit. Et quoi qu'il fasse, je m'y retrouve, toujours.

lundi, juillet 17, 2006

On m'a déja fait le coup

Chaque été je tombe sur un connard au strabisme étonnant, passionné de photographie qui ne rêve que de quitter sa petite vie d’occidental. Sauf qu’il ne le fera jamais. Et chaque année je me fait broyer par ce genre de connard. Peut-être ont ils peur de moi, sans doute sont ils effrayés de ce que je fais et de mon devenir. Consciemment ou pas. Ils me font mon procès alors qu’eux mêmes ne savent pas qui ils sont .Contradictoires et égoïstes, vaniteux et si peu conscients de leur médiocrité. Ils pensent sans doute produire quelque chose en fixant l’instant sur de la pellicule argentique ou autre, mais le temps file et se dérobe sous leurs doigts. Il est trop tard messieurs, vous êtes adultes, et vouloir arrêter les aiguilles ne vous sert a rien, si ce n’est d’illusion ? Des adultes qui râlent pour le prix de l’essence, pour la responsabilité que je n’aie pas, qui me jettent dans un tribunal où seuls les adultes ém(i)ettent leurs courroux. Des miettes de colère sur la ma tête. Des miettes qui attirent tellement d’oiseaux vengeurs. Dans un premier temps, ça me picore les cheveux, j’ai peur qu’ils me mangent la cervelle, mais il me faudra juste un peu de temps avant de comprendre que ces oiseaux , je peux aussi m’en servir pour m’envoler. Je n’échappe pas plus qu’eux au temps, j’en ai conscience, mais je m’envole au dessus de leur petite cour, je ne veux plus toucher terre.

dimanche, juillet 16, 2006

Les jolies colonies de vacances.

Je me suis faite virer. Le matin au petit déjeuner, c’est désagréable d’entendre ce genre de choses. Pourtant la directrice a fait ça très pédagogiquement et simplement. De la franchise et de la douceur. « Je ne veux pas que tu continues la 2ème session. » En gros casse toi. Alors je me concentre, je sens mon visage qui tremble, j’ai l’impression de donner des coups de pied dans un seau d’eau plein a ras bord. Je sens mon visage prêt a déborder. Déborder de toutes ses sales journées que je passe a quatre pattes dans la poussière ou les miettes. Déborder de ses heures de sommeil ou je tire ma couverture sur la nuit pour pouvoir être debout le lendemain. Déborder de ne pas être comprise.

Ses filles ne me croient pas mais quand les premières larmes s’échappent, elles se contentent de me regarder. A croire que les filles blondes de cette famille ne pleurent jamais. Alors je reprend contenance et je grignote mon croissant en observant les arbres. Les arbres des collines qui paraissent si doux qu’on pourrait s’assoupir dessus. Dormir sur les douces collines d’une colonie de vacances tourmentée. Je demande a la directrice si je pourrais dire au revoir aux enfants. Bien sur me répondent ses grands yeux bleus. Je me penche pour prendre mon verre et déjà la bonne humeur se ré-installe a table. Chacun papote et rie pendant que je me noie dans mon verre. « Tu peux rester le temps que la col0 se finisse pour ne pas perturber les enfants, mais tu n’auras plus le droit de leur parler. »

Ne plus parler aux enfants. Ne plus les regarder, ne plus rire a leurs bêtises, ne plus comprendre ce qui se passe dans leurs têtes mélangées, ne plus s’asseoir avec eux pour quelques minutes de détentes. Je préfère partir de suite plutôt que de continuer dans cette ambiance. 4 jours en communauté, ça peut devenir invivable. Je prends ma place au lavoir et très vite la nouvelle se répand. Plusieurs fortes têtes grimacent et promettent de mener la vie dure aux mono pour moi. Petit Paul aux yeux si turquoises rigole et n’envisage pas la possibilité que je sois sérieuse. Les visages s’attristent , d’autres s’insurgent. Moi, je déverse ma colère dans mes propos. Les animatrices qui m’ont descendue auprès de la directrice en mon absence n’osent pas affronter mon regard( plein d’eau vengeresse ?). Le responsable de toute cette affaire, c’est Nicolas. Et Nicolas est très content ce matin justement. Il a sorti son grand sourire et sa bonne humeur. Il m’avait promis la veille qu’il aurait ma démission. C’est chose faite. Comme quoi il suffit d’être le seul animateur homme pour pouvoir retourner d’une belle œillade toutes les greluches qui composent l’équipe. Mais qu’importe, que Nicolas se noie dans sa suffisance, cela ne lui rendra pas l’autorité qu’il n’a jamais eue auprès des enfants.

Un doute me prends. Je saisie une feuille et écrit mes coordonnées sur une feuille et la donne a Petit Paul, lequel tente de déchiffrer mon écriture griffée. Puis je vais faire mon devoir de personnel de service et m’en vais passer la serpillière dans les chambres. C’est en lavant un lavabo à la javel que l’idée me vient. Je croise les doigts pour que personne ne soit derrière la caméra et pénètre dans la chambre de Nicolas. Je monte les escaliers et aperçois un tas d’habits au sol. Un pantalon noir, un chandail gris et une chemise. Quelques gouttes bien placées suffisent à défigurer le beau pantalon du jeune homme, et une pression du pistolet spécial lavabos javel dégraissant que je n’utilise que trop souvent détruit le joli chandail. Quand à la chemise, elle a droit à deux pressions. Pour m’avoir faite virer. Nicolas, c’est moi qui aie salopé tes fringues favorites. Parce que tu n’es qu’un enfoiré qui m’a fait virer parce qu’il suffit que je dise quelque chose pour que les 50 gamins m’écoutent, et que tu hurles toute la sainte journée sans te faire entendre.

Je fais mon sac avec la fille blonde qui annonce d’une voix frêle « mais avec qui je vais rire maintenant ? » J’en sais rien. Demande a Nicolas tiens. Je retourne en cuisine où 8 gamins m’attendent. « On veut parler à la directrice, on veut pas que tu te fasses virer ! » La directrice en question sourie mais ne revient pas sur sa décision. Certains la fusillent du regard, une autre retient ses larmes pendant que ceux qui restent trépignent et protestent. J’ai l’impression qu’on jette des cailloux dans une mare, et que les ronds prennent de plus en plus d’ampleur.

Pendant le repas, les enfants se lèvent et crient mon nom, refusent de manger, l’équipe « d’animati0n » tente tant bien que mal de les calmer. Quand je leur apporte les plats, ils me bombardent de questions, les points d’interrogations rebondissent sur moi pourquoi t’es virée ? qu’est-ce que t’a fait ? qui t’a dénoncée ? quand tu pars ? tu reviens ? tu nous laisse ?

Je réponds toujours la même chose : Demandez à Nicolas.

Je l’apprendrais plus tard, Nicolas répondra : « c’est parce qu’elle n’est pas assez compétente avec vous ». Ou bien encore « je ne sais pas. »

Pendant que je fais la vaisselle, les enfants s’attroupent au comptoir et me demandent tous mon numéro ou mon adresse. Alexandre pleure a nouveau et Petit Paul commence a réaliser que je vais vraiment quitter sa vie. Moi je ravale mes larmes et je sors ma colère. Plus je parle et plus les animatric s’approchent, pour surveiller mes propos. Je me déplace, le groupe me suit, les adultes fulminent. Soudain ,une forte tête m’annonce que les animatueurs questionnent les enfants pour savoir si j’ai donné mon adresse. Puis la directrice m’apprend que je ne dois donner aucune coordonnée aux enfants. Tout s’enchaîne, tout se met en place pour me broyer, mes os s’écrasent, tout l’intérêt que j’ai porté à ces gosses se retourne contre moi. Que c’est bon de trouver un bouc émissaire. Que c’est agréable, en groupe, de se liguer et de descendre quelqu’un. Je n’avais qu’à me taire. C’est entièrement de ma faute si on en arrive là. Pourquoi n’ai-je donc pas laissé mon sale caractère chez moi ? Profil bas et tout sourire, nettoie et puis c’est tout. C’est alors que les grands yeux bleus de la directrice s’allument et elle me chuchote « S’ils te donnent leurs adresses, je n’y vois aucun inconvénient. ». La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et lorsque je passe entre les tables , mes mains se remplissent de petits papiers de différents couleurs. Nicolas ne me regarde même pas, feint l’indifférence. Petit Paul me chuchote qu’il a caché mon adresse dans ses chaussettes parce qu’on a voulu le fouiller.

Le repas avec le(s) peronnelles de sevice se passe dans une ambiance faussement décontractée, avec les 3 filles blondes, la mère directrice enchantée par le soleil, le père taquin et l’équipe contente d’être la. Tous se réjouissent, mon départ semble arranger tout le monde. Une vrai famille par un beau dimanche ensoleillé. Une grande et belle famille à table comme je n’en ai jamais voulu. Je fais de la bouillie de mes légumes et me déplace dans les ateliers pour saluer les enfants. La directrice me retient et m’annonce qu’elle ne veut pas que je les dérange. J’outre passe son avis et embrasse tout ceux que j’ai côtoyé pendant une longue et si brève semaine. Alexandre pleure et Nicolas jubile. Je fais les bises a Petit Paul qui me chuchote entre chaque joue. Je le serre dans mes bras, aussi fort que je peux, j’aimerais ne jamais partir, j’aimerais encore discuter avec Petit Paul et m’étonner de son intelligence et son sarcasme. J’aimerais rire avec Alexandre et jouer aux échecs avec Pauline, je voudrais encore écouter les contes de fées avec les 4 ans, je voudrais finir d’expliquer le communisme a Matthieu, comprendre pourquoi Arnaud fait tout pour être rejeté, comment Joanna a perdu sa mère et pourquoi Guillaume ne parle plus depuis l’âge de 7 ans et …

Mais non.

J’ouvre les yeux et Petit Paul est toujours dans mes bras. Il lève ses yeux si bleus et me demande : « pourquoi toujours l’eau ? » Et puis je pars. Je laisse son point d’interrogation et m’en vais . Je m’en vais loin des familles ensoleillées du dimanche, loin des animateurs incompétents, loin des serpillières, loin des enfants finis avant d’avoir commencé leurs vies.