samedi, septembre 06, 2008

Des-pressions


C’est comme expliquer ce que c’est d’être amoureux au plus cynique des hommes sur terre. Sauf que ce n’est pas de l’amour, c’est un voile noir, une araignée intérieure, du goudron dans les poumons, une cécité paniquante.

Chaque être humain a en lui une araignée qui tisse des toiles, certains ouvrent leur cœurs et enlèvent les toiles, d’autres la noie dans l’alcool, mais malheur a ceux qui la laissent grandir.

Après tout, une araignée, ce n’est pas vraiment méchant, et si elle s’installe quelque part pour noircir vos idées, c’est que peut-être que sa présence n’est pas due au hasard. Alors elle tisse, elle vous tient compagnie, et soudain la vérité noire apparaît, celle du monde. Si elle est venue s’installer chez vous, c’est parce que la rosée du matin ne lui suffit plus. Qu’importe les moustiques, qu’importe la reproduction, le monde n’est qu’un ramassis de pollution et de faux espoirs.

C’est ainsi que celle qui va devenir votre deuxième conscience installe le fil de soie de ses idées. Elle vous souffle les pensées, vous décourage, mais vous ne la laissez pas faire. Pas question, non, le monde est beau, il suffit de regarder autour de vous, mais c’est déjà trop tard, vous voilà dans une prison personnelle inextricable. Il vous faut couper les fils, tuer cette araignée, mais vous n’avez plus aucune force, et les larmes qui se déversent ne servent qu’a alimenter sa cause.

A l’extérieur de vous, les jugements vont bon train, mais personne n’a la solution ou le bon insecticide, c’est a vous de le trouver. Voilà la conclusion de toute discussion avec vos proches qui se désespèrent devant tant d’inertie. Personne ne peut chasser les toiles, personne ne peut vous ouvrir le crâne et la déloger, pas même ces pilules ou le flot de paroles gluantes qui peuvent sortir de votre bouche. Vous êtes devenu un dépotoir, un réceptacle de toute frustration, de chaque pluie, et chaque nettoyage n’est que douleur pour se remplir plus vite.

Demain n’existe plus, Hier est un lointain souvenir, une ombre au tableau journalier qui semble être l’unique de votre vie. Vous vous adonnez a des idées aussi simples que celles d’une adolescente qui n’est jamais sortie de chez elle, vous régressez et la toile noir est universelle.

Voilà un an que la nuit s’éternise, votre corps et votre conscience s’épuise, les solutions des proches de survie sont extrêmes, les vôtres aussi, mais elles ne sont pas physiques. Vous vous mourez dans une solitude que vous revendiquez, et bien-tôt, vous mourrez tout court.