Comme à son habitude, mon inspiration veut divorcer. Crise banale d’un couple en dent de scie. Je l’aie rencontrée au fil des pages, lorsque je dévorais tout ce qui me tombait sous la main. J’engloutissais des kilos de papiers, de lettres, d’imprimés, de coins cornés, de couvertures pliées. Je me jetais dans un univers de mots, sautant d’une ligne à l’autre, m’abreuvant à la plume même de l’auteur. A force de lécher le papier, j’ai avalé mon inspiration, sans la mâcher. A présent nous sommes deux, pour un pacte en carton.
Rien que des mots, qui ne s’imprimeront jamais que dans l’éphémère, des fois sur le papier, mais qui a dit que nous sommes mariées ? Elle m’embrasse à l’improviste, puis elle me quitte en m’écrivant « tu es heureuse sans moi ».
Alors je l’attends, le temps s’écoule sans elle, mais ça m’est égal. J’ai toute une vie pour qu’elle revienne.