jeudi, septembre 20, 2007

Jalouse

mardi, septembre 11, 2007

Le cri du héron m'engendre

Ce serait un grand arbre, un tatouage a(e)ncré pour toujours sur la poitrine. Il prendrait racine sur mon pubis, son énergie viendrait du désir et de l'amour prodigué par tout ceux qui m'aimeraient.Son eau pour grandir serait mon orgasme, sa terre mon commencement, un retour à l'origine de la vie Son tronc occuperait tout mon ventre, d'un brun ancestral et son écorce épaisse serait rugueuse, on pourrait plaquer une feuille sur mon ventre pour en décalquer la douleur des annés ou des profanateurs de la nature féminine. Pas d'habitants dans cet arbre, peut-être un pommier qui grandirait, ou simplement un chêne. Ses branches se déploiraient sur ma poitrine comme pour respirer à ma place, un simili de poumon visible aux yeux de tous.Je pourrais continuer de vivre même allongée sur le ventre. Pour celui qui me déshabillerait, il me verrait respirer au rythme des saisons. En hiver, l'arbre serait mort, couvert de neige, les branches torturées rappelleraient les jardins chinois, les bourgeons noirs constrasteraient avec la blancheur de ma peau, de la neige dans la poitrine pour mes rhumes incessants et ma toux omniprésente.Pour les mauvais jours, l'arbre ne perdrait rien au beauté mais serait noyé dans le brouillard morbide de mes idées, comme une silouhette effrayante mais rassurante pour moi. Le sapin de Noël serait jaloux de tant de calme et de paix intérieure, lui qui a été coupé pour le plaisir éphémère. Lorsque viendrait le printemps, pour ressortir de sa torpeur il fleurirait doucement, s'éveillerait aux timides rayons et formuleraient en idées des petites pousses de feuilles. Quand l'été exploserait de chaleur, je n'aurais plus besoin de me mettre à l'ombre, tout serait fleuri et apaisant, de magnifiques feuilles vertes parsemeraient en dentelle ma poitrine et mes côtes. Les oiseaux se poseraient sur mes épaules, mais j'y refuse tout nid sachez le d'avance. Pour l'automne, mon corps roussirait et les feuilles si reposantes s'envoleraient le long de mon dos, pour se poser sur le sol. Des feuilles mortes tomberaient lorsque j'ôterais mon pull, peut-être s'accrocheraient-elles a mes cheveux en passant. Un festival de couleurs, de ton rouges, brun, jaunes, la dernière énergie de l'été qui s'imprime en feuilles craquantes sous mes pas. Une dernière se décrocherait avant de laisser place à la neige. Il ne pourrait se déraciner, mes tempêtes intérieures le renforceraient toujours plus, les pluies diluviennes couleraient sur les branches mais il sècherait, imperméable à l'eau salée . Imperméable et pour toujours planté, grandissant en mon sein.

mardi, septembre 04, 2007

Une image vaut mille mots.

On ne peut l’apercevoir que lorsqu’on touche le fond. Lorsque le soleil brille au dehors, que le monde se prélasse, peut-être la verras tu. Il faut de la tranquillité et de la solitude pour connaître cette image si unique. Quand les proches se sont gorgés du mélange de fraîcheur et de chaleur, lorsqu’ils sortent de l’eau et qu’ils se prélassent dans un bonheur artificiel. C’est à cet instant, quand personne ne pense à toi, que tu pourras toucher le fond. L’air n’est pas nécessaire, il est même prohibé pour voir le monde d’en bas. Plus besoin de respirer, de faire agir son corps, d’être soi et de s’octroyer une dose d’oxygène. Il faut s’oublier pour contempler. Vide tes poumons de l’égocentrisme mécanique, seul ton cœur bat encore. Dans l’eau chlorée et domptée par l’homme, il faut se laisser aller. Plus d’oxygène pour faire remonter à la surface ce corps qui oublie l’univers qui l’entoure. Pas de témoins pour s’inquiéter et paniquer. Personne pour comprendre. Seul face à toi-même, tu descends au plus profonds de ton être. Médite au fond de cette eau maternelle qui te destine à vivre et mourir. Laisse toi couler en fermant les yeux, sans avoir peur. De l’extérieur, on croirait que tu dors paisiblement, mais tu te prépares au spectacle le plus improbable : le monde révélé par l’eau sommeille en toi. Dans un silence apaisant, chaque bruit est atténué, seule l’eau qui se meut emplit tes oreilles d’une musique sereine. Ton enveloppe charnelle touche un carrelage, peut-être du plastique, qu’importe, tout est doux puisque caressé par des millions de gouttes. C’est alors le moment d’ouvrir les yeux sur cette image merveilleuse. Les poissons ne lèvent pas la tête, seuls les morts peuvent la voir, et peut-être toi. Les amoureux des profondeurs la connaissent sûrement, mais y prêtent-ils suffisamment attention ?
A plat ventre dans une piscine vide ou trop pleine pour toi, tu joues le rôle des morts, sauf que tu as le devoir de te retourner. De te retourner sur toi-même et d’ouvrir grand les yeux. Comme un aveugle qui découvre les couleurs, les yeux te piquent, mais qu’importe, c’est le prix à payer. Une masse d’eau au-dessus de toi, invisible et pourtant agréablement pesante te sépare de la surface, mais si tu plisses un peu les yeux, tu vois les remouds éclairés par le soleil. Les rayons se distillent en grains d’or, le ciel si bleu devient flou, gardes les yeux ouverts. Quelques bulles s’échappent de ton nez, tu les voies commencer une course folle vers une liberté où seul l’air se réalise. Leur chemin résonne tout autour de toi, tu t’entends avaler ta salive, tu t’entends. Le monde extérieur se meut en fonction des mouvements que tu effectues là, en bas. L’eau altère ton univers, n’expire pas trop ou tout sera brouillé, contemple et retiens ta respiration humaine. Chaque bras que tu bouges, chaque clignement d’œil se répercute tout la haut, sur ta manière de voir le ciel. Pourtant le soleil transperce et tente de réchauffer, mais tout n’est qu’illusion, tu ne peux plus te repaître d’une chaleur factice, ton corps est froid comme ton âme, comme l’amas de chair que tu es et que tu as toujours été. Ton cœur s’affole sans doute, il a raison, il a besoin d’air, il a besoin du monde extérieur pour te dicter des réflexes pour sur-vivre. Mais vois tu seulement comme chaque chose à son incident ? Le battement d’aile d’un papillon, le caillou qui tombe dans l’eau et perturbe tout l’équilibre naturel, voilà que toute ta vie se transforme. Un doux rêve pour quelqu’un qui se ren-dort au lieu de se dorer en surface. Une image merveilleuse et douce d’un monde flou, d’arbres qui chuchotent et te parlent lorsque tu les regardes d’ici, d’un ciel véritable qui change à chaque instant, d’un soleil sublime mais théâtral, d’une poussière d’or autour de toi. Les rêveurs veulent capturer la lune et toucher les étoiles, sans passer par la renaissance aquatique. Lorsque ta poitrine s’oppresse, ton corps réagit tout seul et tes pieds te propulsent vers la surface. Tends tes mains vers le soleil, essaye d’attraper le ciel dans un regard dans une image que seul ton esprit imprime. Aucun photographe ne pourra la capturer, la mettre en scène et l’exposer. Mille mots valent un instant sous l’eau.

mardi, août 21, 2007

Et après?


Que cette mer est belle. A mes pieds les vagues finissent leur course, s’amusant parfois à faire glisser le sable sous mes talons. Petit à petit, elle m’ensevelit. Pendant que je contemple la hauteur de l’écume, mes chevilles s’enfoncent. Je me plante de tout mon poids en cassant la ligne d’horizon. Alors j’avance. Je marche dans l’eau salée et agitée qui résiste. Elle voulait bien de moi au bord, mais me refuse en son sein. Le vent du ciel m’ordonne de reculer, pourtant je ne fais qu’entrer, par la force. J’aimerais lui murmurer de me laisser entrer, mais sa colère m’emplit la bouche d’écume. Les remouds des vagues pétillent sur mes poignets, je m’émerveille devant la blancheur calme un instant. Les courants froids se plaisent a engourdir mes jambes, je refuse de penser aux poissons ou autres fleurs piquantes de la mer qui pourraient passer près de moi. Il fait bon, le temps s’arrête, je vois ma peau qui se dore au soleil, le ciel d’un bleu trop pur, les vagues émeraudes qui s’élancent. Non, la vague émeraude qui s’élance. Je lève les yeux, les bras baissés, impuissante devant la masse d’eau qui s’abat sur moi. Qu’emporte. Je suis forcée d’accepter l’invitation d’un tourbillon, la folle danse du sable glisse sur ma peau, se mêle a mes cils et mes cheveux. Je suis aveuglée dans le ventre de la mère. Je voudrais renaître, quitter le monde tumultueux et aqueux. Mon nez s’emplit d’eau, après tout je n’ai jamais rien senti, mais ma poitrine s’oppresse, je manque d’air. Dans un dernier sursaut de (n) vie, je tente de fendre les vagues. Mes bras s’affolent et mon cœur s’accélère, je m’accroche au sable pour pouvoir remonter. Je crie, j’écris sous la mer en m’accrochant à elle. L’amor par la mère est étouffante.

samedi, juin 23, 2007

Jeu idiot

Il y a toujours cet espèce de pacte tacite dans les trains. De ceux qui consistent a s'observer du coin de l'oeil lorsqu'un nouvel arrivant intègre le wagon, ou bien celui qui veut que l'on se taise. Je n'ai rien contre ce genre de procédés typiquement occidental, peut-être même seulement français?
J'apprécie les codes sociaux établis et perpétrés par les anciennes générations, entre fausse bien-séance et impolitesse furtive.
Autrement dit, dans le train, on est sûr d'avoir la paix. Un silence de mort règne dans les wagons a moitié remplis. Les voyageurs, souvent issus de petits villages, sont ballotés et bercés par le bruit régulier d'une machine qui les digère.
Seulement, lorsque le train se lance a une bonne vitesse, il devient intéressant d'ouvrir la fenêtre. Souvent au grand dam d'une dame agée placée pas loin. Après cette impertinence, tout est permis. Un comportement aussi audacieux sans consulter du regard ses congénères relève de la folie. Tout est donc permis.

Petit jeu idiot au risque de.

J'ouvre la fenêtre au maximum. De préférence, celle du coté rail, sinon ce n'est pas drôle. J'aggripe le rebord et sors un doigt timide pendant que le paysage défile. Les jours de juin sont capricieux par ici, ils épuisent et essorent puis abreuvent lourdement de pluie les champs déjà humides. Lorsque le train file a toute allure, je lâche mes cheveux et sors la tête. Le vent m'assomme, me coupe toute respiration, me ferme les yeux, avec violence et puissance. Ose donc écarter tes cils. Tente d'ouvrir la bouche, il y a tellement d'air que j'en manque. Si mon visage s'incline face a la vitesse, mes cheveux eux, paniquent. Ils fouettent la vitre, s'éparpillent, tournent sur mes joues pour m'appeler au secours. Et alors? Que les plus lâches me quittent, qu'ils se marient au vent, je peux très bien être chauve. Mis a part le fouet du vent, rien ne palpite vraiment dans le fait de sortir la tête par la fenêtre d'un train. Rien sauf les trains qui viennent d'en face. D'un coup de klaxon ils s'annoncent, presque avec douleur. Ouvre grand tes yeux, regarde le véhicule d'en face qui s'annonce encore, qui te prévient de son passage. Il arrive vite, très vite, plus vite que je ne le pense. Il faut garder les yeux ouverts, le plus longtemps, il faut rester a cette fenêtre, penchée sur les kilomètres qui m'échappent. Il faut rester jusqu'a ce que le train soit a quelques mètres de ma tête, avec mon cœur qui s'accélère. Serais-je décapitée aujourd'hui? Arriverais-je a rentrer a temps? Les secondes semblent éternelles, je sens mon corps se tendre comme un câble et une pulsion de vie s'insuffle dans mes bras. Quelques secondes pour sauver ma tête, pour ne pas me faire happer. Des secondes intenses d'adrénaline, mélange de peur et d'excitation. La tête du train est la et mes bras me propulsent vers l'arrière dans un dernier sursaut. Le véhicule passe en sifflant devant mes yeux, je fais quelques pas en arrière. Le souffle coupé, les cheveux en bataille, je me laisse tomber dans le siège devant la dame encore choquée.
Petit jeu idiot au risque de.

mardi, mai 22, 2007

La Sirène des pompiers



Depuis mes sept mois ici, je traque les failles dans les poutres en bois, je m’amuse des coups de pinceaux au mur, je compte les briques de la maison d’en face. Quelques fois j’abhorre les pigeons nourris sur le toit d’a coté. Parfois.

J’ai souvent remarqué le fantôme d’en face. Celui qui a constamment une télévision allumée, avec une chaussure d’enfant posée dessus. Avec une lumière bleutée qui inonde la fenêtre, d’une ambiance lointaine et impénétrable. Avec le retour des beaux jours, j’ai prêté l’oreille, pour écouter la vie du voisin mystère. J’ai guetté à ma fenêtre une apparition, un signe, un besoin de regarder dehors, mais non.

Cette pièce vide devint une chambre d’enfant, sans les rires qui l’accompagnent. Une télévision, témoin du monde, avec le son coupé et une fenêtre sans rideau qui pourtant ne révèle rien. Un univers sourd et lourd composé de bleu, vivant la nuit. Peut-être une créature aquatique en mal de mère. Qui sait.

Mais ce matin, je me suis penchée sur les tuiles, j’ai tendu mon visage au soleil en regardant ma cigarette se consumer. J’ai fermé les yeux puis j’ai senti quelque chose arriver. A la fenêtre d’en face, une petite main s’accrochait au rebord. J’allais enfin savoir. Une toute petite main. Un enfant ? Une fillette ? La main était délicate mais pourtant décidée a ne pas lâcher le bord. Peu à peu, elle s’avança dans l’encadrement et un bras apparu. Un bras fin et blanc, qui glissait contre le plastique de la fenêtre. Par petits morceaux, le fantôme se dévoilait au grand jour. Un débardeur noir sur un corps fin, quelques boucles rousses apparaissaient.

Elle se pencha par la fenêtre pour tailler un crayon noir. Elle était jolie, ma voisine fantôme, éthérée, presque malade avec des cheveux flamboyants de contradiction. Elle flottait presque à l’air libre, penchée outrageusement sur le bitume. Soudain, elle leva les yeux, et comme apeurée par ma vue, elle esquissa un petit sourire pour se retirer dans sa chambre. Sa promptitude, son empressement a se cacher me fit comprendre que j’avais vu une sirène. Une de ces créatures fantastiques auxquelles on se refuse de croire. Et lorsqu’on les a sous les yeux, il faut attendre patiemment qu’elles daignent tailler un crayon à l’air libre. Histoire d’y croire et de voir.

vendredi, avril 20, 2007

Peut-être plus que d’autres, certainement moins que certains.

Un jour, j’irais me noyer, ici ou ailleurs. Dans une baignoire ou dans la mer. Je quitterais le navire, avec le sourire peut-être. Il fera beau. Mon plus beau jour pour mon plus beau suicide. Retour a l’eau maternelle. L’eau me portera, loin, au fond, avec les baleines, les poissons. Je nagerais, avec ma peau dorée par les rayons, je me glisserais entre les remouds. L’eau sera froide, les profondeurs effrayantes de noirceur. Le fond m’appelleras, m’aspireras. Je me laisserais faire, pour dire adieu a la surface. Un dernier regard pour la beauté du monde, pour ses merveilles, avec pour seul regret de ne pas avoir su l’aimer comme il faut…

Non je ne flotterais pas. Je resterais un élément solide dans une marée liquide. Dans une eau limpide. Peut-être que je pleurerais. Les poissons ne pleurent pas, eux. Il n’y a que l’humain qui a cette manie de déverser tant d’eau. Alors j’aurais l’idée de fermer les yeux et mes pieds s’engourdiront. Avec le fond qui appelle à la déraison. Un jour de beau soleil, où les sourires scintilleront, ou la mer brillera aveuglément. Je me laisserais couler, les yeux grands ouverts. Parce que je n’aurais plus peur. Je comprendrais les poissons au sang froid, j’effleurerais les algues et caresserait le sable mouvant. Lorsque le manque d’air se fera sentir, je serais suffisamment loin de tout pour pouvoir revenir. Le froid m’envahira, j’aurais un réflexe de survie, pour remonter, pour vivre, respirer, encore rester. Je ne voudrais pas mourir. Mais j’aurais touché le fond. Ma poitrine s’oppressera, mes gestes ralentis par le poids du monde ne feront rien pour me ramener la haut. Mes derniers instants, rien de plus, rien de moins. Des tas de gens meurent tout les jours. Noyade au centre de la vie, noyau de mes envies.

vendredi, mars 23, 2007

Instance de divorce

Comme à son habitude, mon inspiration veut divorcer. Crise banale d’un couple en dent de scie. Je l’aie rencontrée au fil des pages, lorsque je dévorais tout ce qui me tombait sous la main. J’engloutissais des kilos de papiers, de lettres, d’imprimés, de coins cornés, de couvertures pliées. Je me jetais dans un univers de mots, sautant d’une ligne à l’autre, m’abreuvant à la plume même de l’auteur. A force de lécher le papier, j’ai avalé mon inspiration, sans la mâcher. A présent nous sommes deux, pour un pacte en carton.

Rien que des mots, qui ne s’imprimeront jamais que dans l’éphémère, des fois sur le papier, mais qui a dit que nous sommes mariées ? Elle m’embrasse à l’improviste, puis elle me quitte en m’écrivant « tu es heureuse sans moi ».

Alors je l’attends, le temps s’écoule sans elle, mais ça m’est égal. J’ai toute une vie pour qu’elle revienne.

samedi, février 24, 2007

The Good, the Bad and the ugly

Je suis debout, au beau milieu de cette rue sablonneuse. Il fait chaud, très chaud même, mais j’ai plus de chance que mon adversaire. Philipe, lui, a le soleil dans les yeux, et le bord de son chapeau le déconcentre déjà. Je reste impassible, c’est lui ou moi. Or je n’ai aucune envie de crever dans ce patelin aux femmes effarées et aux enfants mal-nourris. Si je suis arrivée jusque là, c’est pour retrouver des précieux documents de valeur scientifique. Quelque chose de révolutionnaire à propos de la terre et de ce qu’il y a dans le sol. J’ai chevauché alors jusque dans ce petit village nommé Amphithéatro, à l’entrée, un panneau indiquait : Littéraire, passe ton chemin. Bandes de brutes. Je suis ambivalente, moi, et je suis entrée dans ce patelin maudit.

Lorsque le blondinet a annoncé que je n’avais rien à faire ici, mon caractère a pris le dessus et nous sommes allés nous défier dehors, avec une seule balle. Il est deux heures de l’après-midi, et je sais que le Philipe, malgré son apparence calme, est assez nerveux. Mes yeux plissés scrutent l’instant où l’envie d’action va furtivement passer sur le visage de mon adversaire. Je peux rester comme ça des heures, mais je sais que les blonds rougissent au soleil. Peut-être va-t-il exploser d’impatience et de chaleur, il me suffit d’attendre.

La main près de mon Colt 45, je suis aux aguets. Je sens mon corps se réchauffer et ma chemise s’imbiber de sueur. Ma mâchoire, crispée, commence a m’élancer, mais je garde patience. En face, le blond est tendu comme une corde violon, il ne me voit pas bien, il est ébloui et je sais qu’il veut tirer le premier. Soudain, je vois ses muscles faciaux se contracter et il dégaine en tirant dans ma direction. Je n’ai rien eu le temps de faire, un nuage de poudre apparaît devant mon adversaire. Ce n’est pas la balle qui tue mais sa destinée.

Et la destinée de cette balle est de se retrouver dans le tonneau, à un mètre de moi. Un sourire se dessine sur mes lèvres pendant que Philipe fronce les sourcils. Il est cuit.

Je sors mon arme et le tient en joug, décidant pour la peine d’aller nourrir le désert. Sans un mot, je le fais monter sur son cheval en serrant bien la corde autour de ses poignets et l’emmène vers les étendues anonymes sablonneuses. Je sourie à l’idée de lui tendre la fameuse pelle, je jubile en pensant lui dire que dans la vie, il y a ceux qui ont un pistolet, et ceux qui creusent, je rêve de faire du bon la victime.

Je m’apprête à descendre de mon cheval lorsqu’on me touche la main. Le cours est fini, Philipe, en bout de rangée, me lance un regard torve. On m’a truandé la fin.


lundi, février 12, 2007

La fin



C’est la lente agonie
D’une femme qui voit finir sa vie
Se dévouant corps et âme pour sauver sa fille

Vitres closes , incassables
Elle frappe, inlassable
Tandis que les pleurs
Se mêlent à la sueur

La lueur d’espoir s’éteint
Et cette eau qui ne cesse de monter
C’est la fin
Elle le sent, elle le sait
Mais est-ce qu’elle lâche
Ou perd pied ?

Gestes automatiques
D’une survie caustique
Coups répétés sur le verre
Tu vas bientôt manquer d’air

Dans ce véhicule coulant
Tu veux sauver ton enfant
Elle qui commence à suffoquer
Tu lui donnes son dernier baiser

La lueur d’espoir s’éteint
Et cette eau qui ne cesse de monter
C’est la fin
Tu le sens, elle le sait
Mais est-ce qu’elle a lâché
Ou perdu pied ?

Ses cheveux comme aériens
Couronnent sa mort en vain
Et c’est ainsi que tu vois
Une vie passer à trépas

Dans un regret marquant
De t’être endormie au volant
Tu voies se crisper tes traits
C’est la fin, tu le sens on le sait
Mais as-tu lâché
Ou perdu pied ?

Simple chanson écrite pour un groupe en devenir

vendredi, janvier 26, 2007

Loïc Sécheresse

D’une main habile il trace, et pourtant, les traits n’en sont que trop brouillons. Brouillés certes, mais abstraits plus encore, les impatients passeront leurs chemins. Que ceux qui osent se plonger dans la trouble aquarelle puissent y voir la délicatesse d’un visage, le déhanché naturel d’un personnage ou se perdre dan les yeux ovales.
C’est une contradiction criante, car l’homme semble différent de son art. Son prénom Loïc, pointu et pertinent, dénote avec les courbes alanguies et tremblantes de ses femmes, et l’aquarelle imbibe la Sécheresse en formes incertaines.
Sa main se délie et captive les âmes embrouillées, les amoureux de l’abstrait et les patients observateurs.
Qu’il continue !
Qu’il ne cesse de caresser le papier de son pinceau, que le produit de son imagination s’imprime sur la feuille blanche. Mais lorsque le nombre d’années suffira a faire trembler la main de Mr. Sécheresse, peut-être les traits s’emmêleront jusqu’à la quintessence de l’enchevêtrement, pour délivrer à tout jamais son âme.

Lettre écrite à Loïc Sécheresse

( Un coucou aux lecteurs de Suisse, d'Afrique du Sud, du Canada, du Maroc et de France bien sûr)

mercredi, janvier 10, 2007

Colle Cléopatre

La colle est encore fraîche. Tellement translucide qu’on dirait de l’eau granuleuse. Et cette colle compacte me dégouline des oreilles, repoussant mes écouteurs. Il en sort malgré moi de ma bouche close, mes yeux pleurent des gouttes peinant à descendre mes joues. Je suis engluée à mon ordinateur, collée à la bibliothèque , salissant tout autour, me plongeant dans une bulle olfactive et dégoûtante. Du non sens à l’état pur que cette glue liquide, de la bave de limace réfrigérée, légèrement cristallisée. Elle ne veut pas sécher, me force à rester trempée et mouvante plutôt qu’à température ambiante mais immobile. J’aimerais devenir une statue de colle, séchée a tout jamais sur le fronton d’une école comme le sacrifice de mes beaux jours pour l’éducation. Je résisterais à la pluie, au vent, a tout les éléments pour montrer à tous les écoliers le temps perdu en chiffres qui peut paraître gagné à la lecture. Je serais là, ironie flagrante d’une société qui prône la jeunesse en la faisant perdre en diplômes inutiles. Je m’en glue. Ils nous engluent, à défaut de savoir quoi faire de nous.

lundi, janvier 08, 2007

Exempt de citronnelle


Je suis un citron vert. Or peu de gens aiment le citron vert à l’état brut. Pour relever un plat lors d’une soirée oui, je passe très bien, avec mon acidité. Mais dans la vie de tout les jours, celui qui me supporte à longueur de temps a soit un trop plein de sucre dans sa vie, soit comme moi, une amertume à distiller.
C’est pour cela que les gens normaux ne m’aiment pas. Ils m’apprécient, mais ils ne m’aiment pas. Je suis trop amère, et les gens stables ont besoin de sucre pour cristalliser leur petite vie. Pas d’un acide qui en dissous les fondations. On ne choisit pas l’arbre sur lequel on pousse.
Je m’assaisonne très bien avec l’alcool, mon goût passe mieux, je le sens, je le sais. Même moi je m’y trompe, souvent. J’aurais presque l’impression d’être juste une fille qui a les mots justement justes lorsque je me marie à la vodka. Si on me frappe à la tequila je m’échauffe la gorge, le rouge aux joues, jouant au rouge gorge. On pourrait me décliner longtemps, mais entre les trop plein de sucre et les acides en quête de fer forgé, il n’y pas de juste milieu que je puisse accepter et qui me tolérerait. Pas assez mûre sans doute.

mercredi, janvier 03, 2007

Le Musée Grévin d'une autre

Il est plusieurs étages pour notre vie, plusieurs pièces. Et dans chacune résident tout les acteurs de notre existence, libre à vous de les animer.
Dans la salle du présent, énorme et sans complexe, s’entassent et se chevauchent des statues de cire, triées par avenues et allées. L’allée de l’ironie s’anime avec mon meilleur ami, qui me suivra le temps que je traverse le pavé amer, peut-être arriveront nous ensemble à l’avenue de la sincérité, si oui, le conduirais-je jusqu’à celle de l’imagination ? S’il le veut seulement, dans le cas contraire, il s’arrêtera au croisement, pétrifié, en attente d’un autre de mes passages. Je croiserais peu de gens dans l’allée imagination, celle qui prend de la place dans ma salle du présent, une allée trop vide, avec mes dimensions propres, qui ne conviennent pas forcément à tous. Mais j’y recueillerais mon Aurore au rond point des voyages, de la sincérité, de la complicité, de la transmission de pensée et de tant de choses encore. On tournera a en perdre la tête, on aura le tournis, comme à chaque fois que l’on se quitte, dans un tourbillon de pensées. Si je dérive un peu vers l’affection, qui est bordée de tant de ruelles sombres qui se finissent en impasse, je me contente d’apprécier le doux souffle qui anime les protagonistes d’un soir. Pour la tendresse qui naît souvent du malheur et de la pudeur, je marche sur des coussins de soie, j’enlève mes chaussures et j’apprécie chaque pas. Jamais je ne m’y allongerais, car il n’y a que trop peu de gens prêts à le faire avec moi, et que je n’ai pas encore l’habitude de m’y promener. Celle de l’amour est éteinte depuis un égoïste qui n’a jamais mérité d’y entrer, elle se tapis dans l’ombre de l’humour éclairé par tant de gens malgré eux et de la rue de l’espoir éclatante qui ne désemplit pas. Il faut faire attention aux passages mal indiqués, ceux qui vous emmènent de la joie à la tristesse, ceux qui vous perdent dans les poings d’interrogations, trop serrés à mon goût.
Lorsqu’on se penche aux confins de la salle, on peut apercevoir celles du passé. Attention dès lors à ne pas avoir le tournis. Peut-être un membre de votre famille vous donnera-t-il une loupe pour mieux y voir, ou simplement le jeu des croisements vous apparaîtra plus simple avec de la hauteur. La complexité du réseau augmente avec le nombre d’étages, sans doute arrivera-t-elle à diminuer, peut-être est-ce le paroxysme, qui sait. Lorsque je tente de regarder vers les étages supérieurs, je n’y vois qu’un escalier, le reste étant plongé dans un brouillard opaque et lourd d’humidité, comme s’il pleuvait de l’incertitude et que l’avenir suintait le questionnement. Grand bâtiment peuplé de gens, l’existence me pousse à monter les escaliers, a y retrouver ceux qui les auront montés comme moi, sans jamais s’arrêter.

( un clic sur le titre pour le mot de la fin )

A la merci

Tout me ronge, tout me mange. Je suis mangée le jour, la nuit, continuellement. Par tout, tout le temps et tout le monde.
Mon appétit inexistant me ronge de l’intérieur, les aliments me digèrent, le gras m’envahit et me gobe. La nuit m’enveloppe et me fait voyager dans ses intestins étoilés, mon cerveau acidifie mes rêves, le petit matin grignote mon repos. L’air, cheval de troie pollué, entre en moi, nécessaire, pour mieux m’intoxiquer.
J’écris aux gens, souvent. J’offre mes tripes sur une page blanche de mail. J’ouvre mon ventre sur la blancheur de l’écran, j’explose mon cerveau et mon ressenti en mots sanglants, en phrases avortées, en embryons d’idées. Je me fait manger par la toile du net, par l’araignée noire de mes pensées, par mon inactivité. Je me fait dévorer par le mutisme assourdissant de la non-réponse, par les quelques mots tapés à la va vite, par les mercis balbutiés du clavier.