vendredi, décembre 29, 2006

L'afrique chaque matin

J'aime les accents africains dans le bus. C’est un éclat de rire permanent, des expressions a part entière. Les attitudes courbées des femmes chocolats, celles qui ouvrent grand la bouche pour rigoler, en frappant plusieurs fois dans les mains. Des œuvres d’art à elles toutes seules. Les cheveux nattés souvent, ces femmes aux yeux dessinés ne se soucient pas souvent de vous. Longues filles aux lèvres rebondies, aux visages adoucis en courbes gracieuses, leurs regards sont insoutenables tant ils fixent et délogent votre insolence. Bounty des temps modernes, noires à l’extérieur , blanches à l’intérieur. Une enveloppe de chocolat pour un cœur de noix de coco. Pour leur dents si blanches qui éclairent le matin, pour les tics de langage décalé, pour des attitudes sans gène. La mère qui laisse sa poussette au milieu du véhicule pour prendre trois places avec son fils, est-ce de la confiance ? De l’insouciance ? De la nonchalance , arrête toi de pleurer mon fils, pense à Dieu qui te regarde dhê, qu’est-ce qu’il pense de toi la haut ? Elle dédramatise, elle laisse couler les regards outrés des grands mères allemandes sur la poussette qui trône au milieu de la douce France. Longue fille aux lèvres rebondies, au visage adouci en courbes gracieuses, ton regard est insoutenable tant il déloge l’outrecuidance des vieilles. Elle n’en a cure, elle garde ses accents de couleurs, son habitude de prendre la place tant qu’il y en a. Sculpture vivante, taillée dans l’ébène, femme bois, femme couleur d’une telle ampleur qu’elle en submerge mes matins.

lundi, décembre 18, 2006

Quintessence de la tuyauterie

Je n’ai plus les mots sur moi. Ils se sont envolés, par mes oreilles, par ma bouche, par tous les pores de ma peau. J’ai suinté, j’ai sué des jolies phrases, j’en ai pleurées. J’en ai vomis aussi. Je les aient chantées, aimées, j’ai jonglé avec. Un mot qui va ici, puis la, comme une symphonie, chaque note à sa place, chaque mot dans l’arène , bien ordonnée. Et j’ai pris une douche froide. Les souvenirs vaporeux se sont échappés à travers cette fenêtre, avec le vent trop froid de décembre. Laissez moi transpirer, laissez moi retrouver cette chaleur intérieure. S’il faut que j’en passe par les discussions creuses et les amours d’un soir, et bien que cela se produise.

samedi, décembre 16, 2006

Et la lune ne brille que pour eux

La lune , cyclope femelle . Vissée derrière son œil, elle malmène les malheureuses qui y sont trop sensibles. Elle crève le ciel, un énorme trou blanc de vérité ? Regardez, derrière ce noir, il y a la lumière ? Décrochez moi la lune, tout n’est que fausseté. Ce n’est qu’un cailloux, nullement une vérité.

Si blanche, si pleine, qu’est-ce que tu attends ? Tu gravites, tu tournes a en devenir d’une pâleur maladive. Tu n’es rien d’autre qu’un satellite, un pauvre satellite tourmenté, tourmentant les marées. L’eau monte partout tout le temps, par ta faute. Le sommeil s’enfuit tout les soirs où tu t’exp(l)oses au ciel, repent toi. Repent toi de te venger sur celles qu’on qualifie de lunatiques. Misérable pendue au ciel, fantôme vengeur, tu me hantes.

L'eau maitrisée

Plus le temps passe, et plus je me perds. Je perds mon insouciance, mes mots, mes impressions. Je n’arrive plus à m’en souvenir, je périme l’instant. Je ressens moins, et lorsque cela m’arrive, je le phrase immédiatement. Mettre des mots sur les choses, cela les efface. J’efface le temps qui passe. Et je suis lasse.

Peut-être ai-je remis ma carapace, non pas celle qui me protège des autres, mais celle qui m’anesthésie, celle qui m’empêche de ressentir. Comme si je me coupais volontairement les nerfs en me disant que j’ai moins mal comme ça. Comme si je me persuadais que je pouvais toujours autant attraper l’instant à pleines mains, alors que, sans nerfs… on ne ressent plus rien. La magie d’avoir des mains chaudes et un cœur froid, ça s’appelle couper court au ressenti, ou du moins suffisamment pour pas que ça atteigne la poitrine. Les mains pleines de sang donc, pour continuer de toucher, les pieds en état de marche, mais qu’en est-il de l’intérieur ? Les coudes et les genoux, ces coins coupés de moi. Comme « Dans ma peau », ça ne m’appartient plus.

Et que vive la surface.

vendredi, décembre 08, 2006

Trois Rivières


Ce sont des tas d’histoires écrites sur des claviers. Des claviers de téléphones portable et d’ordinateurs. Des chimères rêvées, adulées et savourées. Des petites filles rousses un soir d’Orage, des étoiles à regarder, des feuilles mortes à caresser, des larmes de poissons à recueillir. Des filles à l’autre bout d’un écran, d’un pays, d’un clavier, de mains pour taper et d’une imagination pour rêver avec moi. Quelle belle invention que la toile mondiale, qui nous lie, nous délie les mains et l’esprit. Un ordinateur comme nouvelle maison, Internet comme porte d’entrée et l’imagination pour salon d’invités. Je trouve vos adresses au hasard, dans l’immense annuaire tissé par le hasard, nous entrons d’un commun accord l’une chez l’autre. Des chinoises des québécoises et des marocaines par milliers, des nationalités effacées, on n’en garde que les jolies choses. Esthètes dans l’âme, poètes aux heures tardives, vos imaginations pour royaume, j’aime vous lire. Conteuses de leurs passés, on explore le futur en grignotant le présent dans un joli salon.

Complaisez vous dans votre cage

Que j’aime avoir l’air snob. La gentillesse, faciès raté, masque de cire trop complaisant, quelle plaisanterie ! A l’heure où les hautaines sont adulées, il n’en reste pas moins dans vos petits cœurs un immense besoin d’amour et de preuve de bonté. Quand les demoiselles sur leur perchoir de maquillage et de sac en paillettes révèlent sous leur plumages de bien tendres intérieurs. Quand leur bouche si close se mue en sourire, quand le brillant sur leurs narines ou sur leurs dents scintillent de pacotille, mon dégoût pour elles croit. Il atteint des Everest de pitié pour ces choses faussement fermées. Car, sachez le, se fermer a double tour est tout un art. Et de mastiquer son chewing-gum en regardant les apparats d’une quelconque rivale n’en fait pas partie. Il s’agit la de faire la plus grande abstraction de la masse humaine. De se plonger dans ses pensées sans se laisser perturber par la misère en chair et en os. Les masses endormies dans les transports en commun, qui s’observent d’un œil mal réveillé mais pourtant si affûté, ces gens la ne sont qu’occupation temporaire de l’espace. Il existe un monde bien plus important. La perception interne. Certains augment le volume du lecteur mp3 pour se laisser porter par les notes, d’autres plongent dans un livre, moi je porte mon regard au dessus, entre les nuages et les toits. Vers l’horizon. Un monde accessible uniquement par moi, je suis inatteignable, je snobe la terre. Je délaisse ce qu’elle apporte, ce qu’elle transporte, ceux qu’elle laisse vivre a ses dépends. Je ne regarde que les hauteurs, comme moi , intouchables. A quoi bon vouloir les atteindre ? Toucher du bout du doigt un nuage, un coin de toit ou la plus haute feuille d’un arbre ? Cela ne grandit pas, mais ça élève.