Un jour, j’irais me noyer, ici ou ailleurs. Dans une baignoire ou dans la mer. Je quitterais le navire, avec le sourire peut-être. Il fera beau. Mon plus beau jour pour mon plus beau suicide. Retour a l’eau maternelle. L’eau me portera, loin, au fond, avec les baleines, les poissons. Je nagerais, avec ma peau dorée par les rayons, je me glisserais entre les remouds. L’eau sera froide, les profondeurs effrayantes de noirceur. Le fond m’appelleras, m’aspireras. Je me laisserais faire, pour dire adieu a la surface. Un dernier regard pour la beauté du monde, pour ses merveilles, avec pour seul regret de ne pas avoir su l’aimer comme il faut…
Non je ne flotterais pas. Je resterais un élément solide dans une marée liquide. Dans une eau limpide. Peut-être que je pleurerais. Les poissons ne pleurent pas, eux. Il n’y a que l’humain qui a cette manie de déverser tant d’eau. Alors j’aurais l’idée de fermer les yeux et mes pieds s’engourdiront. Avec le fond qui appelle à la déraison. Un jour de beau soleil, où les sourires scintilleront, ou la mer brillera aveuglément. Je me laisserais couler, les yeux grands ouverts. Parce que je n’aurais plus peur. Je comprendrais les poissons au sang froid, j’effleurerais les algues et caresserait le sable mouvant. Lorsque le manque d’air se fera sentir, je serais suffisamment loin de tout pour pouvoir revenir. Le froid m’envahira, j’aurais un réflexe de survie, pour remonter, pour vivre, respirer, encore rester. Je ne voudrais pas mourir. Mais j’aurais touché le fond. Ma poitrine s’oppressera, mes gestes ralentis par le poids du monde ne feront rien pour me ramener la haut. Mes derniers instants, rien de plus, rien de moins. Des tas de gens meurent tout les jours. Noyade au centre de la vie, noyau de mes envies.