samedi, février 24, 2007

The Good, the Bad and the ugly

Je suis debout, au beau milieu de cette rue sablonneuse. Il fait chaud, très chaud même, mais j’ai plus de chance que mon adversaire. Philipe, lui, a le soleil dans les yeux, et le bord de son chapeau le déconcentre déjà. Je reste impassible, c’est lui ou moi. Or je n’ai aucune envie de crever dans ce patelin aux femmes effarées et aux enfants mal-nourris. Si je suis arrivée jusque là, c’est pour retrouver des précieux documents de valeur scientifique. Quelque chose de révolutionnaire à propos de la terre et de ce qu’il y a dans le sol. J’ai chevauché alors jusque dans ce petit village nommé Amphithéatro, à l’entrée, un panneau indiquait : Littéraire, passe ton chemin. Bandes de brutes. Je suis ambivalente, moi, et je suis entrée dans ce patelin maudit.

Lorsque le blondinet a annoncé que je n’avais rien à faire ici, mon caractère a pris le dessus et nous sommes allés nous défier dehors, avec une seule balle. Il est deux heures de l’après-midi, et je sais que le Philipe, malgré son apparence calme, est assez nerveux. Mes yeux plissés scrutent l’instant où l’envie d’action va furtivement passer sur le visage de mon adversaire. Je peux rester comme ça des heures, mais je sais que les blonds rougissent au soleil. Peut-être va-t-il exploser d’impatience et de chaleur, il me suffit d’attendre.

La main près de mon Colt 45, je suis aux aguets. Je sens mon corps se réchauffer et ma chemise s’imbiber de sueur. Ma mâchoire, crispée, commence a m’élancer, mais je garde patience. En face, le blond est tendu comme une corde violon, il ne me voit pas bien, il est ébloui et je sais qu’il veut tirer le premier. Soudain, je vois ses muscles faciaux se contracter et il dégaine en tirant dans ma direction. Je n’ai rien eu le temps de faire, un nuage de poudre apparaît devant mon adversaire. Ce n’est pas la balle qui tue mais sa destinée.

Et la destinée de cette balle est de se retrouver dans le tonneau, à un mètre de moi. Un sourire se dessine sur mes lèvres pendant que Philipe fronce les sourcils. Il est cuit.

Je sors mon arme et le tient en joug, décidant pour la peine d’aller nourrir le désert. Sans un mot, je le fais monter sur son cheval en serrant bien la corde autour de ses poignets et l’emmène vers les étendues anonymes sablonneuses. Je sourie à l’idée de lui tendre la fameuse pelle, je jubile en pensant lui dire que dans la vie, il y a ceux qui ont un pistolet, et ceux qui creusent, je rêve de faire du bon la victime.

Je m’apprête à descendre de mon cheval lorsqu’on me touche la main. Le cours est fini, Philipe, en bout de rangée, me lance un regard torve. On m’a truandé la fin.