jeudi, mai 25, 2006

Points

Insomnie. J’ai pris l’habitude de fermer ma porte à clef. Mais qu’ai-je cru ? Insomnie ne frappe pas, cette impolie. Elle se moque des portes closes , au contraire, elle ressort les cadavres du placard. Elle s’installe sur une chaise, bien confortablement et ,intemporelle, commence son interrogatoire. Florilège de questions, les points d’interrogations s’envolent de sa bouche et tournoient dans la pièce. J’ai beau fermer les yeux, je les sens qui rebondissent, s’amusent de me voir froncer les sourcils. Lorsque j’arrive à répondre, la demoiselle s’empresse d’en ajouter deux, ou trois pour la peine. Et rien ne peut les chasser.

Ni la lumière, ni les pages d’un livre, ni l’écran d’un ordinateur. Non, ils m’attendent, collés au plafond, sagement. Patiemment, ils guettent le moment où, lorsque je pense les berner, j’éteins la lumière et me tourne de l’autre coté. Ils ne sont pas phosphorescents, ni menaçants, juste envahissants et bruyants.

Insomnie, elle, continue de les encourager, elle inonde ma chambre et ma tête de sa ponctuation. Qu’en retire-t-elle je n’en sais rien. Je ne peux pas parler tant je suis assaillie.

Un soir pourtant, lorsqu’elle est entrée, je n’ai pas attendu qu’elle s’asseye, je lui ai demandé pourquoi elle venait me hanter. Elle voulait que je réponde, puis elle s’en irait. Comment effacer tout les points lorsque je n’ai aucune réponse ? Je m’endors d’épuisement, mon corps s’éteint brusquement et mon esprit le suit. Je me réveille avec une seule pensée : « ai-je le droit de dormir ? »

Lorsque quelqu’un d’autre dort dans la même pièce que moi, Insomnie s’abstient de me rendre visite, comme craintive de se faire entendre par quelqu’un d’autre. Ce n’est probablement pas dans son contrat que d’interroger mes compagnons nocturnes. Le simple souffle endormi de Cécile faisant fuir Insomnie, j’estime lui devoir beaucoup.

Il faudra pourtant qu’un jour elle s’en aille pour de bon, avec ou sans réponses à ses points. Le temps aide à tout faire passer, paraît-il. Espérons qu’Insomnie n’est pas aussi intemporelle que je ne la soupçonne .