Je suis une botte de paille imbibée d’eau. Par paquets je pourris sur place, enroulée sur moi-même je m’effrite si on veut me déplacer. Le premier qui tente de me faire rouler se retrouve encrassé par ma boue accumulée.
Et après ?
Qui aime la boue ?
Ai-je envie qu’on l’aime ?
Je ne pense pas pouvoir sécher de si tôt. Les quelques rayons de soleil en sourires éclatés, ça réchauffe. Ça réchauffe l’extérieur, ça redore la paille et ça fait briller.
Un jour quelqu’un m’a dit qu’une image vaut milles mots. J’ai toujours réfuté cette idée. Et pourtant, à l’instant présent, j’aimerais savoir photographier et imprimer pour toujours. Fixer sur pellicule cette lumière, cette chaleur humide, la douceur factice de l’herbe, la paille attirante. Les bottes de pailles imbibées du Ried qui pourrissent en attendant je ne sais quoi.