Dans cette maison, il suffit de se taire pour les entendre. Pour les habitants, c'est devenu une habitude, ils ne les entendent même plus, mais un visiteur attentif tiquera. Elles sont là, plus ou moins grandes, à quartz, électrique ou à piles. Elles montrent le temps qui s'écoule, celui qui passe, cruellement, lentement, cela dépend.
Dans la cuisine, temple blanc de la colère éclatée, les montres s'affichent, elles sont 4, dont 2 danseuses. Les silencieuses électriques veulent des pendules à l'heure à la moindre panne de courant, et leurs chiffres criants semblent dénoncer les minutes qui osent s'écouler depuis qu'elles sont déréglées. Elles crient en silence, les électriques.
Mais si on ferme les yeux pour ne pas voir le temps qui s’enfuit, les danseuses rappellent à l’esprit chaque seconde qui court. Les danseuses ne sont pas accordées, quand l’une manque une seconde, l’autre finit la sienne en demi. C’est une danse perdue d’avance, en demi-ton, en demi-temps. Les aiguilles piquent et perdent leur temps à se rattraper sans y arriver, à danser sur leurs talons hauts perchés. Les talons aiguilles qui s’enfoncent dans les demi-secondes trottinées.