mardi, septembre 19, 2006
Drowning lessons
C’est comme lorsqu’on remonte a la surface après un bout de temps. Le moindre bruit, ne serait-ce que le clapotis de l’eau, tout prends une ampleur démesurée. Je ne t’en voulais pas. Je t’aimais encore. Comme on tient à sa meilleure copine. Je me suis dit que le temps efface tout, que la terre continue de tourner, que la mer lèche le sable et qu’il ne reste aucune trace.
La en bas, dans l’eau froide et fascinante, je me suis dit que je t’aimerais toujours, non pas l’amour que se portent les jeunes filles et qui va en grandissant. Quelque chose de plus profond, si bien que d’en imaginer que cela s’arrête quelque part, ça me donne le tournis. Une enveloppe d’eau noire et muette, une sorte de dévotion haineuse pour ta personne. J’aurais plongé tout au fond si tu me l’avais demandé. Avec dégoût et passion. Peut-être ressens tu la même chose. Mais tout compte fait - les faits comptent- on dirait que non. Dans les faits, on dirait que tu t’en fous, qu’inlassablement tu vas continuer à me faire mal. J’ai bien dit on dirait.
J’exagère sans doute, mais je suis comme ça, extrême. La vérité c’est que comme moi, tu n’es pas foutue de voir les limites. Comment pourrais tu voir les miennes alors que moi même je n’en ai pas ? En a-t-on seulement ?
J’aimerais pouvoir te tirer dessus, te tuer, mais tout ce que je sais faire, c’est baisser mon arme et tirer dans l’eau. Ca m’éclabousse, et puis ça sèche. Tu me regarderais avec tes grands yeux et on se jurerait encore qu’on s’haime. Mais on ne sera pas passé loin, comme d’habitude. Pas loin de la mort subite de notre amitié. Et on attendra ma prochaine envie meurtrière. Je suis lâche moi aussi.
C’est pour ça qu’on coule, parce qu’aucune ne rattrape l’autre.
dimanche, septembre 17, 2006
Plumettes
La douceur d’un chat, ses caresses, son désir de se frotter a vous, ses yeux ronds et calins, tout ça, c’est tellement doux. Doux avec un grand D qui forme le ou . Ce X inexistant, qui n’apparaît que lorsqu’on l’écrit. A croire que la douceur recèle de trésors et de lettres cachées. Parce qu’après tout , un chat, c’est comme une lettre d’amour. C’est si doux, plein de surprises et de réactions inattendues, la retourne dans ses mains, on caresse le papier, le pelage. On explore le corps littéraire, le corps animal. Et plus ça ronronne de bonheur, plus on jubile. Je t’aime. Tu m’aimes ?
Et crie le moi encore.
Je lis dans tes pupilles dilatées ton écriture griffées sur ma peau. Je sens comme une chaleur pleine lorsque tu plantes tes dix petits doigts crochus sur ma poitrine, j’enfonce mon visage dans le papier volant de notre union. Je me noie en toi . Confortablement installées dans les fauteuils rouges de la passion, on regarde le rideau tomber, celui de la pièce de théâtre si mal jouée depuis la nuit des temps. Le public aime pourtant ce moment, celui ou tout bascule.
Celui ou le chat, comme la lettre d’amour retrouvée dans une boite grise, enfonce trop ses griffes. L’instant où tu grimaces de douleur, parce que ta peau est trop fine a cet endroit, peut-être pas celui du cœur, tout dépend de la personne. Peut-être as tu mal au cou, parce que le chat est installée comme une écharpe et que les baisers fougueux décris te marquent au fer rouge. Baiser passion. Ou alors tes épaules frissonnent, il manque ces mains qui les entourent, et l’animal tant désiré ouvre ta chair. Ouverture d’un baiser sur une scène manquée. L’amour baise au fer rouge.
( Ou la lune tardive m'inspire)
vendredi, septembre 15, 2006
L'eau coule sous les ponts
J'ai laissé tomber l'espoir vert et les commentaires.
Par envie, coup de tête, girouette que je suis .
vendredi, septembre 08, 2006
à Perte de vue
Des pommes. Des pommes à perte de vue.
Des rangées de pommiers, qui s’étalent sur les vertes collines. Des fruits pleins, qui n’attendent que d’être cueillis, qui continuent de pousser au bout des branches. Pour cela, il faut du doigté, de l’intimité. Ces grosseurs rouges qui parsèment le feuillage foncé, il faut savoir les prendre en main, les détacher de l’arbre. Les arracher à la nature. Puisque c’est le destin de la pomme de tenter, je cueille, encore et encore le fruit interdit. Lourd, ferme, lisse et rouge. Gorgée de soleil, de vent et de nature, mais aussi de tentation, la pomme est délicate. Le patron explique que c’est plus fragile qu’un œuf. En effet, il me suffit de la serrer un peu pour que je sente quelque chose céder sous mes doigts. Quelque chose d’irrémédiable, comme pour me dire : « Tu m’as touchée, avec ton indélicatesse purement humaine, tu es fautive. Tu le savais pourtant. C’est la raison de ta présence ici . Et pire encore, tu continues de pécher. » Je continue de pêcher dans les vergers. Alors je me promet de faire plus attention la prochaine fois, pour la prochaine pomme. Et je la dépose dans la sacoche sanglée sur mon ventre. J’avance d’un pas, j’observe le pommier et j’écarte doucement quelques branches. Doucement , pour lui demander la permission d’entrer, pour qu’il m’accepte en son sein et qu’il me permette de le déflorer. Les feuilles me caressent le visage et je tend mes mains vers les fruits interdits : prendre à pleine main et soutenir la pomme, savourer l’instant. De soupeser une chose si fragile et si ferme a la fois, c’est se donner l’impression de tenir le sort de l’Homme au creux de la main. En détachant de la tige, je brise le serment et amorce le compte a rebours des instants qu’il lui reste à vivre. Pauvre pomme qu’est l’homme.
Lorsque mon sac est plein, je dois le vider, il pèse sur mon ventre et sur mes reins. Mais il faut prendre garde lorsqu’on déverse les fruits, leur fragilité complique la tâche, et le bois dur n’attends qu’un geste d’impatience pour faire rebondir les pommes contre les planches du pallox. « Ce sont des œufs que tu vas déverser sur ce bois » me rappelle le patron. Alors je défait le cordon et me courbe pour accoucher de quelques pommes. Je me plie aux exigences, avec patience et attentions, je marche sur des œufs.
Je suis la mère pomme/poule des vergers déflorés et j’accouche doucement des fruits de la tentation. Pourtant, à la fin de la journée, c’est avec hargne que je déverse mon sac et déteste la condition humaine, la pomme si rouge me paraît plus dangereuse que jamais et sa délicatesse me semble être surfaite. Sournoise, vicieuse, et lorsque je croque dedans, c’est comme une plaie blanche qui s’ouvre sous mes dents. Elle n’est qu’acidité.
Dès lors je regrette d’avoir aimé cueillir le matin même, avec la rosée pour compagne.