vendredi, janvier 26, 2007

Loïc Sécheresse

D’une main habile il trace, et pourtant, les traits n’en sont que trop brouillons. Brouillés certes, mais abstraits plus encore, les impatients passeront leurs chemins. Que ceux qui osent se plonger dans la trouble aquarelle puissent y voir la délicatesse d’un visage, le déhanché naturel d’un personnage ou se perdre dan les yeux ovales.
C’est une contradiction criante, car l’homme semble différent de son art. Son prénom Loïc, pointu et pertinent, dénote avec les courbes alanguies et tremblantes de ses femmes, et l’aquarelle imbibe la Sécheresse en formes incertaines.
Sa main se délie et captive les âmes embrouillées, les amoureux de l’abstrait et les patients observateurs.
Qu’il continue !
Qu’il ne cesse de caresser le papier de son pinceau, que le produit de son imagination s’imprime sur la feuille blanche. Mais lorsque le nombre d’années suffira a faire trembler la main de Mr. Sécheresse, peut-être les traits s’emmêleront jusqu’à la quintessence de l’enchevêtrement, pour délivrer à tout jamais son âme.

Lettre écrite à Loïc Sécheresse

( Un coucou aux lecteurs de Suisse, d'Afrique du Sud, du Canada, du Maroc et de France bien sûr)

mercredi, janvier 10, 2007

Colle Cléopatre

La colle est encore fraîche. Tellement translucide qu’on dirait de l’eau granuleuse. Et cette colle compacte me dégouline des oreilles, repoussant mes écouteurs. Il en sort malgré moi de ma bouche close, mes yeux pleurent des gouttes peinant à descendre mes joues. Je suis engluée à mon ordinateur, collée à la bibliothèque , salissant tout autour, me plongeant dans une bulle olfactive et dégoûtante. Du non sens à l’état pur que cette glue liquide, de la bave de limace réfrigérée, légèrement cristallisée. Elle ne veut pas sécher, me force à rester trempée et mouvante plutôt qu’à température ambiante mais immobile. J’aimerais devenir une statue de colle, séchée a tout jamais sur le fronton d’une école comme le sacrifice de mes beaux jours pour l’éducation. Je résisterais à la pluie, au vent, a tout les éléments pour montrer à tous les écoliers le temps perdu en chiffres qui peut paraître gagné à la lecture. Je serais là, ironie flagrante d’une société qui prône la jeunesse en la faisant perdre en diplômes inutiles. Je m’en glue. Ils nous engluent, à défaut de savoir quoi faire de nous.

lundi, janvier 08, 2007

Exempt de citronnelle


Je suis un citron vert. Or peu de gens aiment le citron vert à l’état brut. Pour relever un plat lors d’une soirée oui, je passe très bien, avec mon acidité. Mais dans la vie de tout les jours, celui qui me supporte à longueur de temps a soit un trop plein de sucre dans sa vie, soit comme moi, une amertume à distiller.
C’est pour cela que les gens normaux ne m’aiment pas. Ils m’apprécient, mais ils ne m’aiment pas. Je suis trop amère, et les gens stables ont besoin de sucre pour cristalliser leur petite vie. Pas d’un acide qui en dissous les fondations. On ne choisit pas l’arbre sur lequel on pousse.
Je m’assaisonne très bien avec l’alcool, mon goût passe mieux, je le sens, je le sais. Même moi je m’y trompe, souvent. J’aurais presque l’impression d’être juste une fille qui a les mots justement justes lorsque je me marie à la vodka. Si on me frappe à la tequila je m’échauffe la gorge, le rouge aux joues, jouant au rouge gorge. On pourrait me décliner longtemps, mais entre les trop plein de sucre et les acides en quête de fer forgé, il n’y pas de juste milieu que je puisse accepter et qui me tolérerait. Pas assez mûre sans doute.

mercredi, janvier 03, 2007

Le Musée Grévin d'une autre

Il est plusieurs étages pour notre vie, plusieurs pièces. Et dans chacune résident tout les acteurs de notre existence, libre à vous de les animer.
Dans la salle du présent, énorme et sans complexe, s’entassent et se chevauchent des statues de cire, triées par avenues et allées. L’allée de l’ironie s’anime avec mon meilleur ami, qui me suivra le temps que je traverse le pavé amer, peut-être arriveront nous ensemble à l’avenue de la sincérité, si oui, le conduirais-je jusqu’à celle de l’imagination ? S’il le veut seulement, dans le cas contraire, il s’arrêtera au croisement, pétrifié, en attente d’un autre de mes passages. Je croiserais peu de gens dans l’allée imagination, celle qui prend de la place dans ma salle du présent, une allée trop vide, avec mes dimensions propres, qui ne conviennent pas forcément à tous. Mais j’y recueillerais mon Aurore au rond point des voyages, de la sincérité, de la complicité, de la transmission de pensée et de tant de choses encore. On tournera a en perdre la tête, on aura le tournis, comme à chaque fois que l’on se quitte, dans un tourbillon de pensées. Si je dérive un peu vers l’affection, qui est bordée de tant de ruelles sombres qui se finissent en impasse, je me contente d’apprécier le doux souffle qui anime les protagonistes d’un soir. Pour la tendresse qui naît souvent du malheur et de la pudeur, je marche sur des coussins de soie, j’enlève mes chaussures et j’apprécie chaque pas. Jamais je ne m’y allongerais, car il n’y a que trop peu de gens prêts à le faire avec moi, et que je n’ai pas encore l’habitude de m’y promener. Celle de l’amour est éteinte depuis un égoïste qui n’a jamais mérité d’y entrer, elle se tapis dans l’ombre de l’humour éclairé par tant de gens malgré eux et de la rue de l’espoir éclatante qui ne désemplit pas. Il faut faire attention aux passages mal indiqués, ceux qui vous emmènent de la joie à la tristesse, ceux qui vous perdent dans les poings d’interrogations, trop serrés à mon goût.
Lorsqu’on se penche aux confins de la salle, on peut apercevoir celles du passé. Attention dès lors à ne pas avoir le tournis. Peut-être un membre de votre famille vous donnera-t-il une loupe pour mieux y voir, ou simplement le jeu des croisements vous apparaîtra plus simple avec de la hauteur. La complexité du réseau augmente avec le nombre d’étages, sans doute arrivera-t-elle à diminuer, peut-être est-ce le paroxysme, qui sait. Lorsque je tente de regarder vers les étages supérieurs, je n’y vois qu’un escalier, le reste étant plongé dans un brouillard opaque et lourd d’humidité, comme s’il pleuvait de l’incertitude et que l’avenir suintait le questionnement. Grand bâtiment peuplé de gens, l’existence me pousse à monter les escaliers, a y retrouver ceux qui les auront montés comme moi, sans jamais s’arrêter.

( un clic sur le titre pour le mot de la fin )

A la merci

Tout me ronge, tout me mange. Je suis mangée le jour, la nuit, continuellement. Par tout, tout le temps et tout le monde.
Mon appétit inexistant me ronge de l’intérieur, les aliments me digèrent, le gras m’envahit et me gobe. La nuit m’enveloppe et me fait voyager dans ses intestins étoilés, mon cerveau acidifie mes rêves, le petit matin grignote mon repos. L’air, cheval de troie pollué, entre en moi, nécessaire, pour mieux m’intoxiquer.
J’écris aux gens, souvent. J’offre mes tripes sur une page blanche de mail. J’ouvre mon ventre sur la blancheur de l’écran, j’explose mon cerveau et mon ressenti en mots sanglants, en phrases avortées, en embryons d’idées. Je me fait manger par la toile du net, par l’araignée noire de mes pensées, par mon inactivité. Je me fait dévorer par le mutisme assourdissant de la non-réponse, par les quelques mots tapés à la va vite, par les mercis balbutiés du clavier.