mercredi, janvier 10, 2007

Colle Cléopatre

La colle est encore fraîche. Tellement translucide qu’on dirait de l’eau granuleuse. Et cette colle compacte me dégouline des oreilles, repoussant mes écouteurs. Il en sort malgré moi de ma bouche close, mes yeux pleurent des gouttes peinant à descendre mes joues. Je suis engluée à mon ordinateur, collée à la bibliothèque , salissant tout autour, me plongeant dans une bulle olfactive et dégoûtante. Du non sens à l’état pur que cette glue liquide, de la bave de limace réfrigérée, légèrement cristallisée. Elle ne veut pas sécher, me force à rester trempée et mouvante plutôt qu’à température ambiante mais immobile. J’aimerais devenir une statue de colle, séchée a tout jamais sur le fronton d’une école comme le sacrifice de mes beaux jours pour l’éducation. Je résisterais à la pluie, au vent, a tout les éléments pour montrer à tous les écoliers le temps perdu en chiffres qui peut paraître gagné à la lecture. Je serais là, ironie flagrante d’une société qui prône la jeunesse en la faisant perdre en diplômes inutiles. Je m’en glue. Ils nous engluent, à défaut de savoir quoi faire de nous.