Tout me ronge, tout me mange. Je suis mangée le jour, la nuit, continuellement. Par tout, tout le temps et tout le monde.
Mon appétit inexistant me ronge de l’intérieur, les aliments me digèrent, le gras m’envahit et me gobe. La nuit m’enveloppe et me fait voyager dans ses intestins étoilés, mon cerveau acidifie mes rêves, le petit matin grignote mon repos. L’air, cheval de troie pollué, entre en moi, nécessaire, pour mieux m’intoxiquer.
J’écris aux gens, souvent. J’offre mes tripes sur une page blanche de mail. J’ouvre mon ventre sur la blancheur de l’écran, j’explose mon cerveau et mon ressenti en mots sanglants, en phrases avortées, en embryons d’idées. Je me fait manger par la toile du net, par l’araignée noire de mes pensées, par mon inactivité. Je me fait dévorer par le mutisme assourdissant de la non-réponse, par les quelques mots tapés à la va vite, par les mercis balbutiés du clavier.