samedi, février 25, 2006

I'm a bitch , i'm a lover

Mon père a posé 3 mandarines au dessus de mon écran . Il avait dit d’un air faussement innocent : « Tu ne vas pas y toucher n’est-ce pas ? » . Au même moment on m’avait conseillé d’attendre un mois avant de toucher à William.

Je n’ai pas pu résister , j’ai pelé la 1ère. Elle avait un goût sec et amère . William quant à lui n’a fait qu’être le sosie de l’autre.

J’avais décidé d’oublier les fruits et le garçon. J’ai assez décortiqué avec soin pour n’avoir qu’un jus acide dans la bouche. J’ai assez appris et pris sur moi pour ne pas croquer et savourer comme il se doit. William est parti en vacances pour une semaine et la 2ème mandarine a moisi, laissant une trace grise sur le plastique. Ca s’essuie, ça glisse, si je frotte encore, il ne restera plus aucune trace.

Et maintenant ?

Il reste une mandarine. Sa feuille sèche, mais elle reste ferme. Reste à savoir si je prendrais la peine de la peler ou si je vais la laisser moisir. Tout dépend de quand il revient.

Moon


Tout a commencé sur mon ancien blog . Une page remplie de beaux garçons. Et un commentaire d’une fille qui disait quelque chose. Son adresse mail était là. Je me fichais pas mal des commentaires. Mais, ce jour là, j’ai regardé l’adresse qu’elle avait laissé. Cruelmoon . Et j’en ai conclu que je n’avais pas à faire a quelconque pimbêche. Je l’aie entrée dans mes contacts . Et sans plus. Une marocaine qui aimait et tombait amoureuse. Un contact de plus . Une histoire de plus. Des photos , des écrits , des phrases. Je lui racontais ce qu’elle voulait bien savoir. Je m’en foutais un peu à vrai dire.

Et le temps passe. J’ai discuté de plus en plus avec cette demoiselle , qui a déménagé. Loin. A casablanca. Le seul souvenir précis que j’aie d’elle prenant de l’importance, c’est Noureiev. J’avais ce panda qui avait l’air de danser. Et j’avais envie de lui envoyer. J’ai pris son adresse et je crois que la machine s’est mise en route. Celle qui indique que les gens vont devenir importants pour moi. De confidences en confidences , de phrases écrites en sourires, nous évoluions , nous racontions et dévorions la vie de l’autre. Elle aimait mes phrases, moi j’aimais ses histoires, ses remarques, ses sautes d’humeur et sa franchise. Les « je suis pas d’humeur » ou « pas maintenant j’ai dit !! » me montrait que les gens doués de franchise et de caractère existaient encore. Et j’ai aimé.

C’était pour moi une lune, symbole de la féminité, changeante , puissante, lointaine. Qui pouvait se vanter de marcher dessus ? Chacun pouvait s’imaginer l’avoir pour soi tout seul et pourtant elle inonde tout le monde d’une lueur pâle. Quand la lune est pleine , je ne peux pas dormir, elle me tient éveillée, Moon , avec ses deux o qui prolonge la prononciation, qui donne une consonance anglaise , exotique et d’une classe folle. Lorsque son croissant est pointu , acerbe et pourtant si beau on dirait qu’elle s’accroche avec le ciel. Voilà comme je l’aie vue, sentie , lue, absorbée.

Elle me donne l’impression d’être comme elle, elle comprend mes douleurs , mes sentiments, elle me montre qu’elle sait et qu’on s’en sort . Elle représente l’espoir des filles avec un cœur tout mou à l’intérieur.

Quand j’ai retrouvé cette photo d’elle , un peu hautaine , avec pour titre « et vlan ! », je me suis penchée sur mon écran et je l’aie observée. Des yeux noirs, qui brillent. Une bouche dessinée avec la douceur et la fermeté des filles qui aiment les jolis mots, et qui ont une voix douce et…sucrée. Les bouclettes qui complètent la boucle d’oreille en salamandre. Et ce cou, avec ces os qui ressortent , comme une invitation au baiser. Les yeux mi-clos, si sombre. Ce n’est que plus tard que le terme de mine m’est venu en bouche. Une mine brillante , avec des parois sombres mais attirante. Et puis quelle pierre pourrait représenter ? Une pierre lunaire ne convenait pas , ma moon n’avait pas la fadeur d’une frêle brebis . Et puis un mot , un joli mot, qu’on prend plaisir à lire à dire. Et puis le mot est venu . Ampélite. Mélange de pépite, ampère, le A majestueux qui pointe et pourfend la phrase. Voilà, ma belle Ampélite. Avec ses impressions sensées , encensées et désaxées. Elle me console et vice versa. J’essaye de faire partir les larmes avec un petit sourire. Une tristesse qui ne dure jamais. Car Moon est positive, elle rit, elle bouge, elle vit , une fille qui se réalise et malgré les belles catastrophes , se relève. Une fille chaude, un morceau de lune , un contraste entre la noirceur des situations et la lumière qui émane d’elle. Une lumière pleine et chaude. On pourrait se réchauffer rien qu’à la lire.

Je n’attends qu’une chose : de la voir. La rencontrer, la toucher, voir un sourire et l’écouter.

vendredi, février 24, 2006

Je suis l'architecte des autoroutes du ciel

Oh, c’est pas grand chose. C’est juste comme lorsque je veux partir et que je sais un peu que je resterais là. Ma mère m’a élevée au citron, difficile de ne pas être acide. Acide et désabusée, amusée d’apparence et lasse-lisse en profondeur. Comme si tout glissait a l’intérieur, rien n’accroche plus. La seule satisfaction du moment sera de planter la croix dudit lion dans un pot.

Et encore, j’en doute. Entre pixels d’écrans, msn qui se tait et crampes aux mains, je me détache de tout ces fils, ou plutôt je tire dessus. Et je m’étouffe toute seule a me débattre comme ça . J’aimerais juste comprendre comment couper, lesquels pour pas partir trop haut dans le ciel. Pour que les gens comprennent qu’ils sont ligotés. Fils de nylons, qui font mal , qui serrent la peau et la boursouflent pour certains d’entre nous. Je veux couper et m’envoler d’Europe, d’Alsace , de chez moi ,de mon ordi ,je veux partir pour ne plus jamais revenir. Je veux quitter l’occident. Quitter ce mot qui sonne comme une épice peu exotique. Je veux. On ne dit pas je veux. On dit j’aimerais. Je hais on. Je hais la masse , je hais je hais je hais. Je suis pleine de haine pour ne pas savoir couper correctement. Après tout, si je coupais un peu les fils , avec le temps je trouverais l’air d’Europe supportable, même bon a respirer. Et là se finirait ma pauvre révolte. Et là , est-ce que tout continuerait de glisser à l’intérieur ?

mardi, février 21, 2006

Apache fruitée

C’était un de ces jours où on crève de chaud. Dehors , les abeilles bourdonnaient lentement et le soleil tapait d’une lumière pleine. Une chaleur écrasante qui incite à la paresse, à l’inaction. J’étais seule dans ma maison, seule dans la pièce ,seule dans ma tête, seule devant mon ordi. Seule, comme toujours. J’avais trop dormi, mon corps encore plein de sommeil se maintenant avec peine sur le tabouret. Qu’est-ce que j’ai pu détester cet état ! S’en était trop, il fallait que je bouge, que je sorte de cette léthargie, j’avais l’impression d’être dans un congélo. Le chat, qui passait par là, ne demandait pas mieux que de m’accompagner dehors. « Hop, motivons nous ! » lui dis-je. « Rien à faire de ce que tu marmonnes , ouvre la porte ! » répondit-elle
J’ouvris donc la porte et une bouffée de chaleur nous envahit. Le chat traîna la patte vers un coin d’ombre pendant que je réchauffais mon corps . Qu’allais-je faire dans le jardin ? Je n’en avais aucune idée, mais j’avais lu il y a fort longtemps un livre nommé « 79 carrés ». J’aurais bien voulu faire comme le protagoniste mais il me semblait que le seul le chat et moi étions assez fou pour risquer une insolation. Impossible donc d’observer les fourmis. J’avançais alors pieds nus dans l’herbe chaude, à la recherche d’une idée, quand ! soudain ! mon regard se pose sur le coin fruitier du potager…
Les groseilles y pourrissaient sur pied par ma faute : je ne sortais jamais et j’étais seule depuis un mois. J’alla donc m’asseoir au milieu des groseilles, dérangeant au passage les araignées paresseuses et les sauterelles abruties. A genou sur la terre sèche, je voulais sentir la nature. J’ai approché mon nez près et des feuilles et aie reniflé. Un flou de verdure avec une odeur d’été. Les après midi trop chaude ont une odeur : celle des groseilliers. Puis, j’ai pris entre deux doigts une grappe , j’ai tiré délicatement jusqu’à sentir la tige céder. Examen approfondi du fruit : Bille translucide rouge, bulle rouge et ferme emplie de pépins, vitrine sanguinaire montrant la nature en devenir, petites perles accrochées ensembles, véritable cadeau de la terre. Les branches plient sous le poids desdits cadeaux, je décide donc de les soulager. Avec précautions, je cueille toutes les grappes, laissant celles, qui , n’ayant hérité que d’une tige , poussent en solo et donnent un petit air d’arbre de Noël. Les oiseaux gourmands, ou même les fourmis ou les araignées ont le droit de savourer elles-aussi ! J’écume et vide les arbustes à ma portée , la tâche en devient mécanique et rapidement mon travail s’achève. Me voilà donc avec un tas de groseilles devant moi. Qu’en faire ? L’espace d’un instant je caresse l’idée d’en faire de la confiture et le rêve fou d’enlever les pépins à la plume d’oie me séduit. Je me ravise : je sais à peine faire cuire des pâtes… J’en croque une en attendant de trouver une solution. Amère mais sucrée. Je n’aime pas cette ambiguïté. J’en prend une autre entre mes doigts et la fait éclater. La peau et les pépins me restent sur les ongles, une bouillie rouge me dégouline sur les mains. Le soleil tape fort sur mes cheveux , le noir attire et absorbe la lumière, j’ai chaud mais qu’importe. Je prends une poignée de groseilles et referme lentement ma main. Je les broient. A nouveau de la bouillie rouge et des pépins collants. Ma main colle, elle est fraîche du sang des fruits. Je dessine 2 traits parallèles sur mes joues parce que je suis une apache. Me voilà baptisée. J’attrape deux nouvelles poignées et ferme les yeux. Et je sens toutes ces peaux fragiles qui cèdent sous la pression, tout ce sang qui coule sur mes poignets, toute cette chaleur qui m’abrutie, et je me sens bien .
J’étale le jus sur mes joues, je me barbouille de sang chaud, je deviens groseille à mon tour. J’écrase de plus belles entres mes mains nerveuses tout les fruits. Et repeint mon visage. Je suis beaucoup de choses . Je colle et ma peau se tend. Craquera-t-elle un jour aussi sous la pression parce que j’aurais poussé au mauvais endroit, un mauvais jour ? Le chat s’approche et me considère d’un air moqueur. L’envie me prend de le tartiner lui aussi, mais elle me ferait la gueule pour au moins une semaine, or c’est ma seule compagnie… D’un trait sanguinaire je redessine mes lèvres et mes lobes d’oreilles.
Je suis une groseille géante , pleine de pépins , pleines de grains.

dimanche, février 19, 2006

Instant


Il vient de partir, aussi vite qu’il est venu. Vroum.
J’arrive dans la cuisine délaissée depuis 2 jours , il faut faire quelque chose. Mais en musique. Je me penche sur la vieux lecteur et attrape un cd de mon enfance. Le chat grimpe sur la table et me fusille du regard. Dehors , la pluie s’oblique sous le vent et j’agrippe l’éponge. La musique commence, les violons vibrent , l’eau qui coule du robinet prend une teinte transparente. Un filet d’eau tiède qui arrose les ustensiles abandonnés. Je frotte doucement, je fais mousser et j’observe par la fenêtre. Un paysage qui n’a jamais changé depuis que nous avons emménagé ici. Une maison rose en face , une allée de garage , un noisetier qui vacille et toujours cette épaisse masse verte de talus. Les nuages s’affolent, le vent les brutalise , ils se pressent , j’habite pourtant rue mistral… Les verres s’empilent dans l’égouttoir, leur transparence me captive. Soudain , un rayon de soleil tombe dans l’évier, et tout s’enchaîne. Un air de piano se fait entendre, mon air favori… La lettre à Elise. L’interprète caresse les touches, je le sens je le sais, même après tant d’années d’écoute, l’enregistrement ne ment pas. L’astre lumineux joue sur les coupes translucides mais pourtant dehors la bataille fait rage . Contraste d’une après-midi de février. Qui du soleil borné et charmeur ou des nuages lourds de sens et de tristesse va gagner ? Les mains dans la mousse blanche, j’aime regarder, à l’abri des caprices, la sempiternelle lutte d’une seule et même nature. Si lumineux et si venteux que soit ce paysage, je ne désire même pas d’arc en ciel. Je préfère les couleurs vertes et ensoleillées. Tout s’accorde , tout est parfait , l’instant existe , il est . Le piano, le chat, la mousse, le vent, le soleil et les arbres secoués. La douceur qui règne a l’intérieur et le chaos du dehors. Je me sens chez moi, ou plutôt, j’ai l’impression que mon esprit s’est agrandi a l’échelle de la pièce. Une cuisine ensoleillée qui assiste au chaos des éléments . Et qui tente de conserver sa paix… intérieure

Quand le monsieur caresse les touches dans ma tête P.S: Lien modifié , en espérant que ça fonctionne à présent .. merci Flo de m'avoir prévenue ^^

mardi, février 14, 2006

Le goût recherché de l'eau


Il pleut sur mon corps comme il pleut sur la ville . Ou sur ma campagne ingrate. Il pleut de l’eau chaude. L’eau qui lave , purifie et donne envie d’ouvrir grand la bouche. L’eau fumante qui coule le long des cheveux , le long des bras , des jambes. L’eau qui serpente finement et qui perle sur la peau. Très vite , les parois de la douche s’embuent , impossible de voir ce qui se passe hors de ma prison de verre. Je suis coincée ici , pour mon plus grand plaisir. Alors je tourne sur moi-même et les gouttes se suicident contre les vitres , s’échappent de mes cheveux pour s’écraser ailleurs, se diviser et vivre autre chose. Autre chose qu’une longue descente sur ma peau . Autre chose qu’une fin programmable dans les tuyaux. Je laisse les gouttelettes a leurs parcours, elles en verront d’autres , des rêveuses. Et puis discuter avec elles ne me passionne pas particulièrement aujourd’hui. Je laisse le pommeau distribuer l’eau de plus en plus chaud. L’onde qui embrasse mes cils , mes joues , mes lèvres. L’onde qui les contourne , qui les épouse et qui les aime , le temps de se prêter au jeu de la gravité terrestre. L’eau qui scelle mes paupières , elle les alourdie, je ne peux plus ouvrir les yeux…
Un bruit attire mon attention . Je me frotte rapidement les paupières pour chasser les gouttes. Et ce que je vois m’étonne : une de mes chaussettes se tortille sur le carrelage. Depuis quand se déplace-t-elle sans sa jumelle ? Il y a de l’émancipation dans l’air… Ma culotte de collégienne se pâme près de la corbeille à linge , elle joue les papillons nouveaux. Petit manège qui ne trompe personne, mon pantalon tape de la jambe impatiemment, c’est lui l’aîné dans cette affaire, il veut du silence , de la concentration. Mon soutient gorge , à défaut de s’immoler pour quelconque révolution, escalade le lavabo et s’accroche timidement au robinet. Mais je t’en prie, épouse le donc, marie toi avec lui, je crois que seule ma mère s’opposera à votre union qu’elle qualifiera de « bordel incommensurable ». J’en ai assez , j’ai subitement trop chaud, l’eau à 45degrés me déplait, mon bien-être s’évapore. Je sors précipitamment en bousculant tout mes pauvres habits qui croyaient sans doute s’amuser aujourd’hui. J’agrippe mon fidèle peignoir et enfourne tout les tissus dans la corbeille, quelques secondes avant l’arrivée réprobatrice maternelle. Après tout , on lave notre linge sale en famille…

dimanche, février 12, 2006

Histoire de piaillements

L’alcool dilate les nerfs en surface , m’a-t-on dit . Ce qui explique le fait que je meurs de chaud . Mes cheveux poussent et grandissent , je me balade avec un nid d’oiseau sur la tête , ça pépie dans tout les recoins . Chut la haut, je n’arrive plus à marcher droit ! Je pousse la porte et manque de tomber , bah oui cette marche , elle n’étais pas là quand je suis arrivée … Pourquoi les oiseaux s’agitent comme ça ? Que se passe-t-il ? Je cesse de bouger et me concentre sur ma chevelure . Soudainement le vent soulève une mèche et je vois ce qui affole tant mes chers volatiles : un serpent . Un serpent noir qui boucle et se prend pour un tire bouchon sur ma tête . Je pince le reptile entre deux doigts et le glisse derrière mon oreille , pour qu’il me susurre toutes les tentations dues au breuvage fermenté.
Avec ce précieux conseiller , me voilà partie pour une autre nuit où les garçons feront de moi un corps apprécié et où je ferais de leurs prénoms une raison d’être pour quelques heures. J’avance , je titube mais continue droit devant , sur le terrain de basket trop usé. Soudainement , le vent décide de se retourner contre moi . Il me donne froid et me fige . Mes oiseaux meurent les uns après les autres dans mes cheveux . Je suis transie de froid avec des cadavres d’oiseaux sur la tête . Il faut trouver refuge si je ne veux pas finir comme eux.
Une voiture , noire , est ouverte . Il s’en échappe de la fumée. J’avance vers cet étrange véhicule. Sans plus réfléchir je m’y engouffre et referme la porte. Il fait chaud dans l’habitable, je me détends je dors un peu même. De quoi ? Les oiseaux ne l’ont pas retenus , moi non plus .
Quelqu’un effleure les volatiles. J’ouvre les yeux . Un jeune homme me regarde. La première phrase qui me vient en bouche n’est pas très belle , ni très amicale . « Qu’est-ce que tu fous là ? » « C’est ma caisse ! » m’entend-je répondre sur le même mode sympathique. Je souris . Et puis après tout , j’ai peut-être trouvé un prénom de plus a mettre en valeur , d’autres mains vont sans doute m’honorer ce soir . Alors je parle, je m’approche, je frissonne, je tends mes mains pour qu’il me les réchauffent. Il me considère et refuse tout contact. Soit .
Ce n’est pas si grave après tout, j’arriverais enfin a passer une soirée sans contact masculin, je me réchaufferais par l’esprit. Je pourrais parler et ne plus fermer les yeux.
Les vitres givrent à l’intérieur, mes oiselets se figent , se cristallisent dans les caprices du temps. Et je parle , et je parle . Les yeux ouverts , enfin … Je lui demande où je suis , qui est-il et pourquoi et comment et quand , j’ai des points d’interrogations plein la bouche. Et brutalement, ma voisine me ramène à la réalité et chez moi. Je dis au revoir de la main , de loin . Et je m’endors sur mes oiseaux fatigués , givrés et ivres de paroles . Le lendemain matin , je trouve sur mon portable une petite enveloppe , un message d’un certain William. Qui me demande s’il a rêvé hier soir .

lundi, février 06, 2006

Ah ces mortels ...

« Si six singes éternels tapaient éternellement sur six machines à écrire
éternelles, un jour ils reproduiraient par la seule force du hasard un psaume, un
sonnet de Shakespeare ou un livre entier » nous dit Thomas Huxley .


« Concevons qu'on ait dressé un million de singes
à frapper au hasard sur les touches d'une machine à écrire et que […] ces singes
dactylographes travaillent avec ardeur dix heures par jour avec un million de
machines à écrire de types variés. […] Au bout d'un an, [leurs] volumes se
trouveraient renfermer la copie exacte des livres de toute nature et de toutes
langues conservés dans les plus riches bibliothèques du monde. » raconte Eddington en 1929.

« Si nous
passions en revue les millions de millions de pages écrites par des millions de
millions de singes pendant des millions de millions d'années, nous pourrions
être sûrs d'y trouver un sonnet de Shakespeare, produit au petit bonheur la
chance. De même, des millions de millions d'étoiles errant au hasard pendant
des millions de millions d'années ont dû forcément rencontrer toutes sortes
d'accidents et produire à la longue des systèmes planétaires. D'autant que les
étoiles sont beaucoup plus nombreuses que les singes. » continue Sir James Jeans un an plus tard.


Brett Watson, mathématicien,( oui ca rigole plus) en 1995, dans l'ouvrage :Les singes récrivant Hamlet, étude de
faisabilité : « Prenons 17 milliards de galaxies. Chaque galaxie contient 17
milliards de planètes habitables et chaque planète est habitée par 17 milliards
de singes. Chaque singe de chaque planète de chaque galaxie tape une ligne
chaque seconde de chaque minute de chaque heure de chaque jour de chaque
année, sans jamais s'arrêter, pendant 17 milliards d'années. Au terme de tout
ce temps, il y aurait encore 99,99999999999 % de chance pour que cette unique
ligne de 41 caractères ne soit toujours pas retapé : To be or not to be, that is the
question.
Autres calculs. Si un seul singe prétendait pouvoir retaper au hasard un seul
livre de 40 mille mots, son entreprise réussirait en 20 milliards d'années, une
durée équivalant à l'âge de l'univers, s'il tapait à la vitesse d'un trillion trois
millions deux cent quatre vingt quinze mille huit cent vingt et une frappes à la
seconde. Un trillion, c'est un milliard de milliards. Pauvre singe. Un milliard
de milliards trois millions deux cent quatre vingt quinze mille huit cent vingt et
une frappes à la seconde, c'est très rapide. Rien dans le monde physique
n'approche cette vitesse de près ou de loin.»



Et dans Macbeth,on entend : Maintenant, que
Dieu t'aide, pauvre petit singe !

Fais un voeux ou deux je te prie

Il se lève , appuie sur un bouton et la musique commence . Il ferme les yeux et s’imprègne du tempo. Son pied tape en rythme, ses épaules oscillent , les yeux fermés les yeux fermés , son bassin commence a onduler . La chanson commence , boum il fait trois pas en arrière et ouvre les yeux , chante : « Si Ali baba a 40 voleurs , Shérazade est une histoire de cœur … » Je ne reconnais pas sur le coup alors il s’approche en grimaçant. Je devrais compter le nombre de fois que je l’ai regardé chanter en play back , juste pour oublier le temps et juste :sourire . « Je suis votre meilleur ami » articule-t-il avec des étoiles plein les yeux. Assise sur son lit moelleux , je décide de ne pas bouger non mais . « Je suis un génie , un grand magicien , mon tour favori , c’est le coup du lapin ! » mime-t-il en tirant la langue sur le coté . Je ris et il attrape ma main, malgré mes larges gestes négatifs : nooooooooon lâche moiiii hugooooooo . Il s’en fout le bougre , il me soulève , m’entoure de ses bras et me fait voltiger : « Whouuu tu vois ce que je vois ?? » . Bouark mon repas commence a se manifester dans mon estomac … lâche moi j’ai reconnu la chanson . Un salut militaire plus tard et me voilà les fesses sur le tapis Boum je viens de faire une descente d’un 1m50 directement sur mon postérieur. D’accord il est rembourré mais ce n’est pas une raison ! Il tourne le bouton du son au maximum et tombe a genoux devant moi « Tu as un génie comme chargé d’affaires , je te soutiendrais , je t’appuierais, quel est ton vœux dis moi quel est ton souhait » hurle-t-il en écrasant mes joues entre ses mains ! Il se relève et me chatouille pour que je fasse de même « Je suis ton génie »il tourne autour de moi a cloche pied « je suis ton ami , oh oui , je suis ton ami » la bouche grande ouverte il couvre la chanson de sa voix éraillée , « je suis ton ami je suis ton ami … » quel mégalo je l’adore «mais oui je suis … » humpf je l’adore moins il me saute dessus «ton .. meeeeeeeeeilleur » nous voilà sur son lit «AAAAAAAAAAAAaaaaaamiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii » .

C’est officiel , j’ai perdu au moins 5 décibels dans chaque oreille .


Pour entendre a quoi ressemble un génie en délire, c'est par içi "Je suis ton meilleur ami-Aladin"

dimanche, février 05, 2006

Lettre motivée

Le dimanche 5 février 2006



Au Monsieur Responsable qui va lire ma lettre,


Par la présente , monsieur , je vous informe que je suis géniale . Oui, parce qu’en plus de savoir écrire a l’ordinateur, je sais compter jusqu'à 10 malgré le fait que je confonde les plus et les foi , ce qui peut poser quelques problèmes en caisse…
Lorsque je me concentre , j’arrive à ne pas confondre les différents cartons et il me semble que j’aie les capacités pour ranger correctement les fromages les jours où je suis de bonne humeur .
Je partage un amour inconsidéré pour les néons de votre magasin et rien ne me ferait plus plaisir que de passer mes vacances d’été ainsi que mes week-ends à la chaleur bienveillante du rayon congélation .
Vous l’aurez compris ,je serais ravie de travailler au sein de votre équipe et cette expérience m’apprendrais ce qu’est la vraie vie occidentale .
Je me tiens à votre disposition puisque vous êtes censé être le patron tout puissant , en espérant vous avoir convaincu de ma bonne foi .

Avec tout le non-respect que je dois à un arriviste blasé dans votre genre , veuillez agréer, mon mépris le plus profond .

mercredi, février 01, 2006

The poetry of softnesses

Cours d’allemand et néons a pleins tubes , je tente de m’endormir sur ma table lorsqu’une petite main me gratouille le bras . Je lève la tête d’un air grognon et voit Laura qui me tend une feuille avec un sourire au coin des lèvres . Encouragée par sa bonne humeur , j’agrippe le morceau de papier et entreprend de le lire : « Je vais acheter du Volvic fraise , tu viens avec moi ? ». Je ris . Elle a une écriture enfantine , ses lettres bouclent un peu partout et elle écrit de travers . Mon exclamation la fait se retourner et elle prends mon sourire comme un oui .
Me voilà donc partie pour marcher dans la ville polluée sous le crachin Strasbourgeois pour acheter du Volvic fraise avec une rêveuse. En descendant et montant les escaliers , elle me raconte la saveur délicate d’une eau aromatisée à la fraise, l’apparence si trompeuse avec de l’eau normale accroit le plaisir et la surprise d’un gout fruité . Mon pantalon collé aux jambes et le vent en pleine figure , je ne demande qu’à la croire . Je l’observe du coin de l’œil : rousse aux cheveux mi longs, elle a un visage rond et pâle , des yeux semblables a des billes lui donnant des fois un air méchant alors qu’elle rêve à d’autres mondes . Petite mais fine , son long manteau noir voltige derrière elle et le vent fouette sa chevelure , mordant son cou si blanc . Combien de temps avant qu’elle ne frissonne, combien de temps avant qu’elle ne réalise le temps qu’il fait , combien de temps jusqu'à ce qu’elle cesse de voir des bouteilles de Volvic fraise coulant a flot ? Elle va nous tomber malade, elle ne pourra plus me raconter comment elle imagine des danseuses dans les arbres , ni comment elle a pu finir son point de croix au coin du feu. Laura. Au magasin, elle fonce sur deux grandes bouteilles translucides et se hâte de payer. Je lui en porte une : une fille si nuageuse ne peut pas être alourdie par son plaisir mis en bouteille. Sur le chemin du retour, elle me fait une confidence : elle va me montrer un lieu magique. Je ne demande qu’à voir. Sentir me corrige-t-elle.
Dans la rue, elle me tire sur la manche pour que j’accélère, elle ralentit, bifurque et s’arrête net. Nous sommes devant une boulangerie qui semble diffuser des ondes colorées. Elle pousse la porte et un souffle à l’odeur de pain chaud m’enveloppe. Je ferme les yeux et les nuits passées sur les toits en Tunisie me reviennent en mémoire. Quand je les rouvre, Laura me détaille. Elle fait partie des gens qui savent respecter le silence rêveur. Elle perçoit le feu follet qui émane d’une personne qui part dans un autre monde. Puis son attention est attirée par les petites douceurs exposées : pains au chocolat, beignet, mousses, tartelettes, brioches, baguettes et autres inventions divines. La tête légèrement penchée sur le coté, ses cheveux épousent la lumière du fond et lui forment une auréole sur la tête. L’aura.
« Tu prendrais quoi si tu avais de la monnaie ? » . Tiens , elle a noté que je n’ai jamais un sous en poche … J’ai bien un centime dans ma chaussure gauche ( lubie d’un autre tombé du ciel de ma classe) mais il est sensé me porter bonheur. Je lui confie que je prendrais un pain au chocolat et voilà qu’elle me le prend qu’elle en commande un. Je me promet de revenir avec elle à l’improviste pour lui offrir moi aussi quelque chose de son choix. Elle prend un beignet et nous quittons l’antre de chaleur pour affronter la pluie sournoise. Nous arrivons sur le pont lorsqu’une question me taraude : Comment s’appelle la boulangerie que nous venons de quitter ?
L’aura me répond : La poésie des douceurs .