dimanche, février 12, 2006

Histoire de piaillements

L’alcool dilate les nerfs en surface , m’a-t-on dit . Ce qui explique le fait que je meurs de chaud . Mes cheveux poussent et grandissent , je me balade avec un nid d’oiseau sur la tête , ça pépie dans tout les recoins . Chut la haut, je n’arrive plus à marcher droit ! Je pousse la porte et manque de tomber , bah oui cette marche , elle n’étais pas là quand je suis arrivée … Pourquoi les oiseaux s’agitent comme ça ? Que se passe-t-il ? Je cesse de bouger et me concentre sur ma chevelure . Soudainement le vent soulève une mèche et je vois ce qui affole tant mes chers volatiles : un serpent . Un serpent noir qui boucle et se prend pour un tire bouchon sur ma tête . Je pince le reptile entre deux doigts et le glisse derrière mon oreille , pour qu’il me susurre toutes les tentations dues au breuvage fermenté.
Avec ce précieux conseiller , me voilà partie pour une autre nuit où les garçons feront de moi un corps apprécié et où je ferais de leurs prénoms une raison d’être pour quelques heures. J’avance , je titube mais continue droit devant , sur le terrain de basket trop usé. Soudainement , le vent décide de se retourner contre moi . Il me donne froid et me fige . Mes oiseaux meurent les uns après les autres dans mes cheveux . Je suis transie de froid avec des cadavres d’oiseaux sur la tête . Il faut trouver refuge si je ne veux pas finir comme eux.
Une voiture , noire , est ouverte . Il s’en échappe de la fumée. J’avance vers cet étrange véhicule. Sans plus réfléchir je m’y engouffre et referme la porte. Il fait chaud dans l’habitable, je me détends je dors un peu même. De quoi ? Les oiseaux ne l’ont pas retenus , moi non plus .
Quelqu’un effleure les volatiles. J’ouvre les yeux . Un jeune homme me regarde. La première phrase qui me vient en bouche n’est pas très belle , ni très amicale . « Qu’est-ce que tu fous là ? » « C’est ma caisse ! » m’entend-je répondre sur le même mode sympathique. Je souris . Et puis après tout , j’ai peut-être trouvé un prénom de plus a mettre en valeur , d’autres mains vont sans doute m’honorer ce soir . Alors je parle, je m’approche, je frissonne, je tends mes mains pour qu’il me les réchauffent. Il me considère et refuse tout contact. Soit .
Ce n’est pas si grave après tout, j’arriverais enfin a passer une soirée sans contact masculin, je me réchaufferais par l’esprit. Je pourrais parler et ne plus fermer les yeux.
Les vitres givrent à l’intérieur, mes oiselets se figent , se cristallisent dans les caprices du temps. Et je parle , et je parle . Les yeux ouverts , enfin … Je lui demande où je suis , qui est-il et pourquoi et comment et quand , j’ai des points d’interrogations plein la bouche. Et brutalement, ma voisine me ramène à la réalité et chez moi. Je dis au revoir de la main , de loin . Et je m’endors sur mes oiseaux fatigués , givrés et ivres de paroles . Le lendemain matin , je trouve sur mon portable une petite enveloppe , un message d’un certain William. Qui me demande s’il a rêvé hier soir .